« La biodiversité est un patrimoine commun qu’il faut savoir défendre »

Publié le 31 mars 2015 par Blanchemanche
#biodiversité

Bernard Chevassus-au-Louis est le président honoraire du Muséum d’Histoire naturelle de Paris. Il était présent hier au colloque de Divonne.

Bernard Chevassus-au-Louis est biologiste et président honoraire du Muséum d’histoire naturelle de Paris.

Il est aussi président de l’association “Humanité et biodiversité”, dont le credo est bien évidemment de placer la biodiversité au cœur de la société avec quatre grands axes qui sont : préserver et respecter la diversité dans une approche humaniste, intégrer la prise en compte de la biodiversité dans tous les secteurs d’activités, favoriser le développement de la biodiversité pour les générations futures et enfin, mobiliser toute la société dans ce noble combat.
Invité au colloque international “Quand la nature dépasse les bornes”, sur les corridors biologiques, organisé à Divonne-les-Bains, ces 30 et 31 mars, il fut l’un des intervenants de la table ronde organisée hier sur le thème des corridors biologiques.
Peut-on vraiment se passer des corridors biologiques ?
« C’est comme si on posait la question de savoir si on peut se passer des espèces et de la nature. La fonction des corridors biologiques est de permettre aux espèces de continuer à exister, donc de ne pas s’éteindre parce qu’on les a cantonnées dans des espaces. Si on se passe des corridors biologiques à plus ou moins long terme, toute une série d’espèces que l’on connaît dans notre paysage (grand cerf, lapin, chevreuil…) et une grande partie de flore va diminuer. Et cela aura un ensemble de conséquences, même pour l’homme. Pour répondre plus concrètement, c’est un peu comme si vous me demandiez si on peut se passer des musées pour conserver des œuvres d’art. La réponse, c’est bien sûr non ! Il y a effectivement besoin de mesures pour conserver notre biodiversité. »
Économie, écologie, urbanisme, finances : ces mots sont souvent revenus lors du débat. Comment peut-on faire pour les concilier ?« Déjà, il faut rappeler qu’économie et écologie, au départ, c’était le même mot. Mais aujourd’hui, ils donnent deux approches qui semblent s’opposer. Mon message est qu’il faut combiner humanisme et économie. Si dans le produit national brut (PNB) dans lequel on regarde toujours notre croissance qui oscille aujourd’hui entre 0,1 ou 0,5, on y intégrait ce que l’on perd en biodiversité, nous serions certainement en récession. Mais la biodiversité est un patrimoine commun qu’il faut savoir défendre avec des arguments non économiques. »
Si vous aviez un message à faire passer aux participants et à nos lecteurs : ce serait lequel ?
« Ce message serait qu’il n’y a pas d’ennemi de la biodiversité. Chacun à son niveau peut faire quelque chose. Tout le monde est un partenaire potentiel : agriculteurs, élus, chasseurs, urbanistes et tous ceux qui gèrent nos territoires. La question c’est : comment convaincre tous ces acteurs ? Notre grande aventure de demain, c’est de reconquérir ce capital naturel. »
Faut-il garder espoir pour le combat écologique de demain ?
« C’est un peu comme la fameuse longue marche des Chinois. Pendant tout le temps où ils ont fait la longue marche, ils croyaient en leur devenir. Dans le domaine de la biodiversité, il faut être obstiné, enthousiaste et patient. Il faut non seulement avoir de l’espoir, mais surtout de la détermination.

Crédit photo : J. Baudry

Propos recueillis par M.I. Publié le 31/03/2015

http://www.ledauphine.com/environnement/2015/03/30/la-biodiversite-est-un-patrimoine-commun-qu-il-faut-savoir-defendre