Un responsable de l'ONU a mis en garde lundi contre le risque d'une "catastrophe" humanitaire "terrifiante" en Syrie à la veille d'une conférence des donateurs, pour laquelle des ONG ont déjà rassemblé plus de 480 millions de dollars.
Les Nations unies, dont le secrétaire général Ban Ki-moon présidera mardi ce rendez-vous annuel à Koweït, entendent rassembler au total 8,4 milliards de dollars pour venir en aide à la population syrienne, dont le pays est ravagé par quatre années de guerre. "Échouer à rassembler ces fonds conduirait à une catastrophe humanitaire dangereuse et terrifiante", a prévenu Abdullah al-Maatuq, l'envoyé spécial de l'ONU pour les Affaires humanitaires, s'adressant aux représentants d'ONG rassemblés au Koweït.
Parmi ces organisations réunies en amont de la conférence des donateurs, figurent le Croissant rouge qatari, l'organisation de charité islamique koweïtienne ou encore l'ONG islamique turque IHH. Cette dernière a rassemblé la plus importante somme, avec 100 millions de dollars de promesses de dons. La patronne des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos a affirmé que la situation s'était encore dégradée en Syrie, où plus de 215 000 personnes ont péri depuis mars 2011, dont 76 000 en 2014, l'année la plus meurtrière.
La FAO réclame 121 millions de dollars
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a également réclamé lundi une aide d'urgence de 121 millions de dollars au profit des populations touchées par la crise syrienne. L'Organisation, qui a son siège à Rome, souligne dans un communiqué que la crise en Syrie a "gravement compromis la production agricole et le commerce et plongé dans l'insécurité alimentaire quelque 9,8 millions de personnes". Il est donc indispensable, selon la FAO, de débloquer 121 millions de dollars "pour stopper la détérioration de la situation et l'interruption des chaînes alimentaires régionales".
La crise syrienne a déplacé plus de 11 millions de personnes, dont près de 4 millions se sont réfugiés en Égypte, en Irak, en Jordanie, au Liban et en Turquie, selon l'organisation. Quelque 85% de ces réfugiés se sont installés hors des camps et nombre d'entre eux dans les zones rurales où l'agriculture fait vivre les familles les plus pauvres.
La Syrie a perdu environ 50% de son bétail et la récolte céréalière a chuté de moitié depuis le début de la crise en 2011 compte tenu de l'escalade des conflits et des conditions météorologique adverses, indique encore la FAO.
Près d'un Syrien sur deux a donc été déplacé par le conflit, ce qui constitue un record mondial inégalé depuis 20 ans, selon l'ONU. La troisième conférence des donateurs pour la Syrie, qui sera ouverte par l'émir du Koweït cheikh Mohamed Abdallah Al-Sabah, appelle cette année à rassembler un montant de promesses de dons largement supérieur aux 1,5 milliard de dollars et 2,4 milliards de dollars réunis respectivement en 2013 et 2014.
Source : Lorientlejour