Depuis 10 ans environ le bénéfice de la consommation de produits laitiers, c’est-à-dire leur rôle protecteur, apparaît de plus en plus évident.
Le diabète de type 2 touche 5% de la population adulte en France et 5 à 10% dans le monde. C’est dire que l’on assiste à une véritable épidémie galopante dans les pays émergents. Ses causes sont multiples. Certes, le rôle d’une prédisposition génétique est réel. Mais les facteurs d’environnement et, notamment, le mode de vie jouent un rôle majeur.
Il est établi que la sédentarité et la prise de poids abdominale sont des facteurs primordiaux. La sédentarité favorise la prise de poids mais il est essentiel de rappeler que l’activité physique stimule l’utilisation musculaire du glucose et améliore donc la tolérance glucidique. La prise de poids abdominale est favorisée par une balance énergétique régulièrement positive, mais aussi par des modifications du microbiote intestinal, elles-mêmes sous la dépendance de l’abandon de l’allaitement maternel, des déficits en fibres, de l’excès de lipides. Une alimentation trop riche en fructose, isolé ou sous forme de saccharose, notamment à travers la consommation excessive de boissons sucrées, favorise la stéatose hépatique et la production hépatique de glucose et donc peut conduire au diabète de type 2.
Le bénéfice de la consommation de produits laitiers : Depuis 10 ans environ, le bénéfice de la consommation de produits laitiers, c’est-à-dire leur rôle protecteur, apparaît de plus en plus évident. Les premières observations ont concerné les patients intolérants au lactose, ou supposés, ayant supprimé le lait. Chez ces sujets, le risque de diabète est accru d’environ 30% (de même que le risque d’hypertension artérielle).
Parallèlement des dizaines d’études cas-témoins ou prospectives, dont les études françaises MONICA et DESIR, ont montré que les sujets ayant des apports plus élevés en produits laitiers comparativement à ceux n’en consommant pas ou peu avaient un risque très diminué de syndrome métabolique, dont on sait qu’il fait » le lit » du diabète de type 2. Les mécanismes en cause sont multiples. On peut invoquer un style alimentaire différent chez les consommateurs de produits laitiers, notamment de produits laitiers frais. Le rôle de l’index glycémique bas du lactose est une piste mais il faut aussi souligner l’effet rassasiant des protéines laitières et l’effet positif du calcium sur la régulation du poids, ainsi que le fait que la consommation de produits laitiers n’est pas associée à un gain de poids ; enfin on évoque le rôle bénéfique des probiotiques des produits laitiers fermentés et l’existence de certains peptides fonctionnels. De nombreuses études ont ainsi montré que la consommation de produits laitiers fermentés ou non, maigres ou gras était inversement corrélée à la prévalence ou à l’incidence (risque de survenue) du diabète de type 2.
Depuis peu on s’intéresse d’ailleurs à la phase grasse des produits laitiers, c’est-à-dire à leurs lipides. Avec plus de 400 acides gras différents, la crème du lait est l’aliment ayant la plus grande diversité en acides gras. Certes, elle contient 65% d’acides gras saturés, mais certains acides gras présents en petite quantité pourraient avoir un effet bénéfique sur le métabolisme : c’est le cas de l’acide linoléique conjugué (CLA) ou acide ruménique, de l’acide trans-palmitoléique (C16 :1n-7), de l’acide trans-vaccénique, de l’acide phytanique, de certains acides gras à chaîne courte.
Les études nutritionnelles sont habituellement basées sur des enquêtes alimentaires. Mais des » mouchards « , tels certains acides gras très spécifiques, voire exclusifs, des graisses laitières ont été identifiés. C’est le cas de certains acides gras saturés impairs comme le C15:0 et le C17:0 mais aussi le CLA et le C16 :1n-7 trans. Ils s’incorporent dans les tissus et membranes. En les mesurant dans ces tissus, on a un marqueur incontestable de l’alimentation. Or de nombreuses études récentes ont montré que la consommation de produits laitiers et/ou que la teneur en acides gras caractéristiques de la phase grasse laitière étaient inversement corrélées au risque de diabète de type 2 quel que soit le poids des individus, avec une diminution de 15 à 50%, (le plus souvent 30%) du risque de diabète de type 2.
Ainsi, loin d’être des facteurs négatifs, les produits laitiers sont favorables vis-à-vis du risque de survenue de diabète de type 2. Il convient donc d’encourager leur consommation, en diversifiant les produits tout en restant dans la modération, c’est-à-dire en recommandant environ 3 produits laitiers par jour.
Source : La Lettre de la Nutrition- Lettre d’Information des Thermes de Brides-Les-Bains® N°17 – mars 2015 (Visuels@Fotolia)
Auteur : Jean-Michel Lecerf, Chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille