2007, l‘année du début de l’internet chinois en France. N’est ce pas un beau titre ? Mais que va être 2008. Jamais je n’avais ressenti autant de peur et de frustration qu’en cette fin d’année. Plus le temps avance, plus les restrictions, les peines, les sanctions … deviennent grandes.
Mon premier exemple sera celui de M. Olivennes. Cela ne vous parle pas ? Il s’agit de la personne mandatée par le gouvernement français afin de contrer les méchants pirates qui tuent les artistes. Il est clair que le téléchargement à du bon et du mauvais. Mais bon, quelque chose qui me fera toujours rire est de voir nos pauvres petits majors se plaindrent (pour leurs artistes fétiches) de ne pas gagner assez de sous. Bien sur, pour eux, la cause c’est le pirate qui télécharge la musique et les films sur le P2P…
Mais quand est-il réellement ?
On parle beaucoup de la réaction des majors face au piratage, mais pas assez de celle de leurs artistes, qui, après tout, sont tout autant concernés. Et si le consensus est de mise pour ces premières, les réactions divergent quant aux seconds.
On retrouve deux types de discours. Le premier, assez récurrent, va dans le même sens que l’industrie et condamne sans concession la pratique, allant même jusqu’à faire des paroles des chansons de véritables diatribes contre les téléchargeurs.
Le second, quant à lui, prend la mesure des choses et en tire les conséquences tout en dessinant des voies possibles pour l’avenir. Manu Chao en fait parti. Dans un éditorial accordé à Courrier International, le chanteur annonce sa décision d’arrêter de produire des albums et de faire de La Radiolina son dernier CD à sortir sur le marché. “Je n’arrêterai pas la musique” rassure-t-il, “mais, vu l’évolution technologique, peut-être que, par la suite, dès que j’aurai une nouvelle chanson, je la mettrai en ligne.”
Dans un même style 50 Cents affirmait dernièrement :
“Ce qui est important pour l’industrie du disque est qu’elle comprenne que [le peer-to-peer] ne brise pas les artistes.”
“Les concerts sont bondés et l’industrie doit comprendre qu’ils doivent gérer l’artiste à 360 degrés. Elle doit maximiser ses revenus des concerts et des produits dérivés. C’est son seul moyen de récupérer son argent.”
“Le principal problème est que les artistes n’ont plus autant d’aide au développement qu’avant le partage de fichiers.” conclut 50 cent. “On leur apprend maintenant à colporter des sonneries, pas des disques.”
Ou alors, nous pouvons lire sur le site Ratatium que Jamiroquai lance un nouveau site résolument tourné vers le Web 2.0. Les fans ne seront plus limités aux seules informations à propos de l’artiste, mais pourront aussi partager du contenu sur leur blog via des widgets : vidéos, chansons, informations sur les concerts, etc. Par exemple, un calendrier permet de se tenir informé sur ce que le groupe est en train de faire et dans quelle ville il est. Ce nouveau site offre aussi des flux RSS, des liens vers les profils MySpace et Facebook de Jamiroquai, ainsi qu’une plateforme permettant d’acheter CDs, MP3s, et produits dérivés.
Bref, vous l’aurez vite compris que je me rapproche plus de ce style d’artiste ayant compris par eux même le sens du mot Musique et par la même occasion du mot Artiste.
C’est une tendance qui devrait d’ailleurs sûrement croître à mesure que les majors s’enlisent dans leur situation. Les artistes seront de plus en plus nombreux à décider de mener eux même le jeu, ou alors de confier à un spécialiste du Web la tâche d’assurer leur vitrine. Et il faut bien reconnaître que Modera, à l’heure du Web 2.0, aura certainement fait plus pour Jamiroquai qu’Universal, par exemple, pour ses artistes (rappelons que la major bride encore les chansons diffusées sur MySpace).
Et M. Denis Olivienne dans tout cela ?
Celui ci à récemment rendu son rapport à l’Etat français. Et il est accablant … non, pas le rapport en lui même, mais son contenu. Le but était, il me semble, dans un premier temps, non pas de chercher comment tout arrêter, mais comprendre la cause des téléchargements, et donc, d’essayé de contrer tout cela de manière originale, mais bien. Notre gouvernement ne croit pas en cela. Il à d’ailleurs imposé le bridage du P2P par les FAI… Pour ma part, je trouve cela TOUT A FAIT HONTEUX, mais bon, la France d’en haut se fou bien du prix du CD … Se mettront-ils un jour à la place de l’étudiant français, boursier, qui galère dans se bas monde. Dont-on lui interdire la culture ? Bien sur que non ? Pour cela il a le choix qu’il veut pour acquérir de façon légale une musique. Mais il devra se ruiner pour acheter rien que l’intégrale de Massilia Sound System par exemple. Ou alors il devra attendre de travailler. Je pense en tout cas que jamais la culture musicale n’a été aussi grande et épanouie qu’à l’heure actuelle. Plein de nouveaux groupes, de nouveaux styles … Et l’on veut me faire croire que internet n’y est pour rien et que cela ne sert qu’a faire du mal ??
Combien d’artistes ont été boosté grâce à Internet ? Comment notre culture a-t-elle pu autant évoluer en si peux de temps ?
Enfin bon, tant de questions qui resteront sans réponse car l’état, de part le rapport Olivennes ne risque pas de comprendre ce qu’il se passe :
Voici ce que j’ai trouvé sur le site de Ratatium, le titre parle de lui même :
Le rapport Olivennes… en chiffres
“Il n’y aura pas de rapport“, disait Denis Olivennes quelques jours avant que soit signé à L’Elysée l’accord interprofessionel sur la lutte contre le piratage. En fait, si, il y avait bien un rapport de remis très officiellement - et discrètement - à la ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel. 43 pages (.pdf) que le patron de la Fnac semble vouloir enterrer. Il est pourtant intéressant, non pas tant sur le fond que sur ce que la forme nous dit de l’état d’esprit de Denis Olivennes et des membres de sa mission.
Le socialiste Maurice Ronay, spécialiste de l’impact sociétal des nouvelles technologies et conseiller de Ségolène Royal, a publié sur son blog une étude originale du rapport, toute en chiffres. On y découvre ainsi que sur les 110 536 caractères qui composent le rapport…
- Seulement 5 982 signes (5,4% du total) sont consacrés à la mesure du phénomène, c’est-à-dire à l’étude de l’opportunité de l’accord signé par les FAI, les pouvoirs publics et le monde culturel ;
- Seulement 823 signes (0,7%) sont consacrés à l’évaluation des effets économiques du piratage. Mais à quoi servait donc Olivier Bomsel, l’économiste-producteur membre de la mission ? ;
- 9 662 signes (8,7%) sont consacrées aux mesures positives destinées à encourager le développement de l’offre légale ;
- 0 caractère (0 %) consacré à l’étude des motivations des internautes qui s’adonnent aux pratiques de P2P que l’accord veut sanctionner ;
- 0 caractère (0 %) consacré à la description et l’analyse de nouveaux acteurs et nouvelles pratiques de distribution de la musique, comme Myspace, Dailymotion, Facebook, YouTube, Deezer, Muzikoo, Last.fm, RadioBlogClub, Airtist,… ou sur l’autoproduction façon Radiohead avec la liberté de fixation du prix par le consommateur lui-même ;
- 78 356 signes, soit 71 % du rapport, sont consacrés aux mesures dissuasives techniques (filtrage) ou juridique (riposte graduée).
Eloquent.
Mais comment le simple internaute que je suis peut il accepter cela ? Non, il ne l’accepte pas, on le force (d’ailleurs il me semble que c’est la nouvelle politique de notre gouvernement … de l’action).
Mais je me pose tout plein de question quand même. Quand je lis que les nouveaux Western Digital brideront l’échange de fichier .avi, .mp3 (lire la news sur ratatium) , quand je lis que le gouvernement des USA entreprend de confisquer directement l’ordinateur des pirates, quand je lis que La CNIL autorise la Sacem à chasser les pirates sur les réseaux P2P, dois-je me faire du soucis quand à la liberté de mon internet fétiche (et bientôt fétichiste je le crains)?
Je comprends bien sur l’illégalité du téléchargement, mais je ne comprends pas que l’état, au lieu de compenser ou d’aider valide le blocage et le filtrage. Si le réseau eDonkey est bloqué, si le réseau Bittorent est bloqué … Comment vont-ils gérer les téléchargements légaux ? Nos distributions Linux ?
En tout cas, comme le site l’UFC Que-Choisir, je trouve que le dossier rendu par Denis Olivennes sur cette aire qu’il ne maîtrise pas du tout, à savoir, l’aire du numérique est « un rapport très dur, potentiellement liberticide, antiéconomique et à contresens de l’histoire numérique.
La ligue Odebi dénonce quant à elle le transfert des pouvoirs traditionnellement dévolus à la justice à une autorité qui serait censée assurer aussi bien l’avertissement que la sanction dans le cadre du régime de la riposte graduée. Dans le cas d’une éventuelle loi DADVSI 2, « il est évident qu’une nouvelle mobilisation aurait lieu, et surtout que les ventes des industries culturelles chuteraient, contrairement à l’objectif fixé à la mission Olivennes », affirme les représentants de la ligue Odebi dans un communiqué où se voit écorché le prénom de la ministre de la Culture.
Alors pour ou contre la politique que va mettre en place notre cher Président ?
Quelques liens :
Les Solutions de la missions Olivennes imposées à toute l’europe
Olivier Bomsel : UFC Que Choisir est une secte de charlatants
Mission Olivennes : filtrage et riposte graduée
Sarkozy valide les propositions Olivennes
Condamnée à payer 220 000 $ à cause du p2p
Vente de la musique en baisse et filtrage du p2p
Le Rapport Olivennes en chiffres
Manu Chao s’exprime sur le p2p et l’internet
La CNIL autorise la SACEM à chasser les pirates sur internet
USA - Projet de lois visant à la saisie des ordinateurs des pirates
La RIAA fête Noël et pense au petits Américains
Les artistes n’attendent plus que les majors s’occupent d’eux (ils ont mieux a faire)
50 cent ne pense pas que le p2p nuit aux artistes
Western digital contre l’échange de fichiers !!
Bonne lecture pour ceux qui auront le courage de lire
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Tags:sarkozy, ligue Odebi, p2p, UFC Que-Choisir, olivennes