Rocca, bonjour, je te propose de démarrer cette interview avec le traditionnel « Interview blaze ».
R : Je te propose R pour rap contact – en gros quel a été ton premier contact avec le rap ?
Le premier contact: j’étais déjà rentré dans le Hip Hop par rapport à la danse, au break. Le premier contact direct avec le rap c’est à l’époque de Radio Nova quand j’écoutais les émissions de Dee Nasty avec Lionel D – c’était vraiment le premier rapport fort que j’ai eu avec le rap – bien que j’avais pu déjà écouter des morceaux – mais j’aimais la musique mais ce n’était pas (encore) mon dada.
Forcement ouverture au monde – et c’est la curiosité qui a fait que l’homme aille jusqu’à la lune. L’ouverture est un signe d’intelligence – l’ouverture d’esprit est quelque chose que tout le monde a, mais que parfois les gens ne cultivent pas – parce qu’ils se font trop ancrés et lobotomisés par un système qui les sucent de l’intérieur et donc du coup leur esprit se referme à chaque fois. L’ouverture d’esprit est aussi un acte de rébellion – plus tu es ouvert d’esprit plus tu es au courant de choses plus tu apprends, et donc tu positionnes mieux ta vie dans ce monde …
C : comme Colombie mais encore ?
Colombie, oui, on peut dire Colombie. C’est l’origine de mes parents, de ma famille – de mon sang, de ce qu’il y a dans mon ADN : le mélange de ces trois cultures que j’ai en moi : qui nous identifie en tant que CRIOLLOS (créole) – avec du sang hispanique, indien et africain
L’autre C qui forme ROCCA : Concert ou Cœur ?
Je dirai la même chose, car quand tu fais un concert, tu donnes de toi, si le public est réactif c’est par rapport à toi, parce que tu y mets du cœur, donc je dirai que c’est la même chose : le live ça détermine très bien ta personnalité : qui tu es vraiment, et surtout ta générosité – et donc c’est du cœur.
A : pour Artiste et /ou Amour ?
On est Artiste parce qu’on sent les choses et on a le temps de faire une pause, et de pouvoir décrire un instant ce qu’on est en train de vivre, ou train de sentir et on l’exprime d’une manière – parfois, en dansant, d’autres en chantant, d’autres en composant des notes, des partitions – mais c’est la même chose amour et l’art / l’artiste se doit de mettre de l’amour dans sa discipline : c’est très lié.
Je voudrai rappeler que tu as été sur scène le 27/02 dernier au Canal 93 (Bobigny) pour les 20 ans de l’album « Conçu pour durer » – qu’est-ce que tu as éprouvé lors de cette scène, pourquoi vous être reformé et décrit nous un peu comment tu as vécu ce concert ?
Je pense que cela s’est super bien passé, le public était très content, et ils ont senti qu’on avait de l’amour sur scène justement, du kiff ….
D : et toi qu’est-ce que tu as ressenti ? Il y a aussi une particularité : vous avez aussi chacun présenter vos solos respectifs, à venir
Oui je pense qu’il y a une osmose qu’on ne peut pas cacher quand on est ensemble, on a grandi ensemble, en tant que professionnels, en tant qu’artistes, et donc même si cela fait longtemps qu’on ne rappe plus ensemble, il y a des automatismes qui se refont. Je pense que tout le monde a du plaisir à se revoir – et tant qu’il y a ce plaisir, je pense qu’on continuera à faire des scènes. Il y a d’ailleurs une tournée qui est sur pieds pour la rentrée en septembre et dans laquelle justement on va réunir tout ce kiff là – et partir – l’union fait la force comme on dit.
Peux-tu nous résumer l’album Bogota Paris en quelques mots ? Un album en français, et le même album tout en espagnol, mais encore ?
L’album Bogota Paris, c’est mon savoir-faire de plus de 20 ans de travail dans l’industrie de la musique, mais surtout dans le voyage musical, dans mon voyage musical. Alors cet album est aussi là pour « consolider » mes deux publics et c’est pour cela qu’il y a deux versions. En France, j’ai plus de 10 ans de rap français, avec des classiques, en tous les cas que les gens jugent comme des classiques et en Amérique Latine, j’ai aussi plus de 10 ans de rap « hispanophone » – pleins de classique du rap latino.
Cet album est un pont pour unir mes deux publics sur un même album – sur un même projet – afin de pouvoir moi-même cette fois enfin pouvoir chanter les mêmes chansons de ce nouveau répertoire aussi bien dans un pays francophone qu’hispanophone.
Je peux aussi bien partir d’un son qu’a fait Demolisha – Dj super jamaïcain avec des sonorités anglo-saxones, de Londres, des communautés, des ghettos jamaïcains, avec Lyricson qui met sa vibe, sur un morceau super Trap de Kobé, ou sur un morceau plus à l’ancienne avec Daddy – d’un coup tu tombes sur un morceau avec « La Lune » qui est une sorte de synthèse de ce que tu peux écouter dans le Hip Hop Mon Royaume, ou Comme une Sarbacane qui est sur un feeling Soul et qui me colle à la peau, mais je te l’ai remanié avec un peu de trap, un peu de musique d’aujourd’hui – et puis à un moment donné quand je t’ai donné le dosage de rap que tu avais besoin d’écouter, pour t’apercevoir que le Chief est toujours là.
Rentrons ensemble dans le projet avec quelques morceaux choisis, dont le premier est à ce jour déjà disponible.
Retour à la Source feat Lyricson – morceau que tu as joué en live à Bobigny – cela a fait mouche – tu t’en doutais ?
ROCCA : c’est une prod de Pachanga (mon frère) et je me pose avec mon frère d’arme aussi Daddy, histoire de pouvoir faire un gros big up a toutes cette époque de l’âge d’or du hip hop comme on dit. Dj Nelson est venu aussi placer des gros scratches.
Le public n’a pas encore pu écouter le premier morceau : Bogota – Paris : mais on peut leur décrire un peu : un morceau d’intro qui tape haut et fort, sur une prod très lourde – super énervée, avec toi au mic, assez technique, assez énervé, rapide, beaucoup de messages distillés très vite tu devrais le sortir comme prochain extrait – un morceau qu’on se remets plusieurs fois de suite – c’est ça ?
Merci, c’est exactement ce que je voulais faire sur cet intro, c’est une prod de Kobébeats, et le concept c’est partir direct sur le terre-terre de Paris et du rap actuel, on commence un voyage musical dans cet album avec le son le plus actuel et les flow les plus techniques aussi, c’est un décollage immédiat ,et cet intro n a justement rien à voir avec la suite de l’album, c’est un track pour vous confondre jejejejejeje, Je me suis toujours positionné avec des albums à l’avant-garde et je n’aime pas refaire les même sons, j’aime innover mes flow et faire évoluer mes styles. J’adore le boombap et j’adore la trap, j’adore la nouvelles productions musicales du Hip Hop actuel. Aujourd’hui la prod dans le rap est à son apogée.
Et bien c’est justement la suite de l’intro. Il faut la prendre plus calme cette fois-ci, on va la prendre plus cool et revenir à la base ,j’ai toujours aimé les freestyles et les accapelas. En plus je fais le travail bien mâché pour que les gens qui ne me connaissent pas à l’écoute de mon album puissent comprendre mon concept et mon univers musical, l’outro est très explicite ,elle dit exactement ce qui va venir dans l’album, une fusion de tous ce que j’aime ,un album pimenté et bien condimenté avec des saveurs outre atlantique mais aussi et surtout du vrai Hip Hop ! c’est un texte explicatif cette outro, comme une notice avant de consommer ton plat musical jejejejeje…
As tu une anecdote sur cet album à nous livrer ?
Cet album c’est en vérité le fils de mon prochain album EL FENIX. J’étais parti en vérité sur EL FENIX mais quand je l’ai fait écouter à mon entourage ils m’ont dits que c’était peut-être trop complexe et conceptuel pour un public non averti. Du coup pour pas être encore une fois incompris – j’ai fait BOGOTA PARIS, un album qui voyage sur mes 20 ans de carrières musicales et qui vous prépare à comprendre la fusion des rythmes que je vis et qui m’entourent. C’est du coup un voyage en musique qui va de paris a la Colombie mais aussi vers les Etats unis ou j’ai vécu à New York pendant presque 9 années de ma vie – Bogota Paris c’est vraiment moi.
Revenons un peu sur la Cliqua avec quelques questions « flash »:
Meilleur souvenir ? Le premier voyage à New York avec toute LA CLIQUA au complet pour le concert de la Zulu Nation en 96.
Pire souvenir ? Quand on s’est séparé car on était des vrais potos mais il y a eu trop de parasites à l’époque autour qui ont brouillé ces amitiés.
Une anecdote ? Il y en a trop !!!
Question des internautes et pas que ?
Olivier C : Qu’est ce qui a manqué à La Cliqua pour exploser comme les groupes tels que NTM ou IAM ?
Je pense qu’il nous a manqué un vrai manager qui n’essaie pas d’être plus important que ses artistes et qui sache canaliser toutes les énergies de chacun pour faire avancer le groupe comme une union, un tank de guerre. Car dans un groupe si tout le monde reste à sa place la machine avance et devient indestructible. NTM et IAM à la fin c’est que deux MCs, nous on était à la base 5 MCS. C’est difficile à canaliser ce genre d’énergie tu sais …
Junior Bon Bagay : à quand un concert de Tres Coronas en France ?
Avec Tres Coronas ont a déjà joué deux fois en France a Paris,en 2009 au Zénith dans le Festival Hip Hop Citoyens, et en 2010 au New Morning. Mais là je pense que nous sommes chacun dans nos projets solos donc je ne sais pas.
KOHNDO : Quel est ton plus beau souvenir de concert ?
Avec La Cliqua je crois à L’Elysée Montmartre en 96 et celui avec Mobb Deep. Et avec Tres Coronas celui à l’aréna de Santiago au Chili devant plus de 10 mil personnes en furie – Il y a une vidéo qui tourne de ce concert sur Youtube. Et pour ma part en solo je pense surtout à mon concert de l’an dernier à La Paz en Bolivie. Il y avait ce soir là quelque chose de mystique dans la salle, une énergie ancestrale et céleste.
Ces dernières années j’arrive à enfin marier mes deux amours : le Hip Hop et la salsa, et plus j’évolue plus je sens que je vais fusionner ça de manière plus radicale afin d’élargir mon répertoire avec une musique qui sera plus en osmose avec ce que je vis actuellement. Kohndo tu peux compter sur moi pour tes prochains enregistrements, ramènes les congas et timbales et on attaque ça direct jejejejejeje.
Pour finir quelques questions plus «courtes /impulsives». Si tu ne devais garder qu’un seul morceau de toi cela serait lequel ? et pourquoi ?
LA VIDA LOCA, c’est le track que j’ai composé pour le film la vida loca de Chrisitan Poveda. Ce son c’est vraiment moi et le style de musique et compositions que je vais continuer à faire. C’est la fusion parfaite de ce que je veux écouter.
Un coup de gueule ? La montée du racisme en France et le communautarisme.
Un message pour nos lecteurs ? Ne soyez pas des moutons, la musique s’écoute avec les oreilles, pas avec les yeux. Par les yeux les plus gros mensonges et l’illusion passent beaucoup mieux – ne vous faites pas avoir.
Un message d’espoir ? L’amour
Que signifie pour toi HipHop4ever ? Une manière de vivre
Un livre de chevet ? « Feuilles d’herbes » de Walt Whitman
Un album de chevet ? Comedia de Hector Lavoe
Ton album de rap préféré ? Ill Matic de Nas ,
Ton artiste préféré et pourquoi ? Je ne sais pas. C’est dur ta question … Cheo Feliciano ou Fela Kuti…Ismael Rivera ou Mayito Rivera… Je ne sais pas…
Le traditionnel mot de la fin ? Musica, Musique, Music.
A noter qu’une interview vidéo est en cours de montage ainsi que quelques surprises à venir/ Stay tuned.
Plus d’informations :
Photos de Live (C) Photograff.fr
Photo tryptique (C) Dany/HipHop4ever.fr
Autres photos : (C) DR.