Après un sixième volet particulièrement décevant au niveau du scénario et qui ne proposait plus trois histoires indépendantes, mais trois actes d’un même récit, co-scénarisé par Céline Tran (mieux connue sous son pseudonyme de star du porno : Katsuni) et l’incontournable Run et chacun dessiné par un artiste différent, ce septième tome revient à la formule de base de cette saga en proposant trois nouvelles histoires courtes d’une trentaine de pages chacune, qui rendent hommage au cinéma Grindhouse des années 60-70.
À l’inverse du tome précédent, qui s’articulait autour d’une chasseuse de vampires aussi sexy que sanguinaire, assouvissant sa vengeance au sein de l’industrie du sexe américain, celui-ci part à nouveau dans tous les sens. Au menu de ce septième volume de Doggybags : une fête organisée en l’honneur d’un soldat revenu d’Irak qui tourne mal dans le fin fond du Texas, un relais routier en Roumanie où les cadavres se multiplient et une traque au monstre dans les montagnes ontariennes. Le lecteur a donc droit à trois histoires bien trashs au cœur de contrées hostiles : des scénarios sans concession qui mêlent violence, humour bien macho, sexe et beaucoup d’hémoglobine.
Ca démarre fort avec « Welcome home Johnny » car l’on retrouve Run au scénario, accompagné de l’excellent François Amoretti au dessin. Le lecteur y suit les pas d’un soldat qui revient dans son village natal après une mission en Irak. La fête donnée en son honneur tourne cependant au bain de sang lorsque Johnny avoue être contre le conflit en Irak. Le petit texte introductif de Run spoile malheureusement un peu trop le dénouement du récit, mais cette histoire librement inspirée d’un fait-divers est particulièrement efficace. Elle démontre une nouvelle fois toute la bêtise humaine, dont on a droit à un beau concentré en plein territoire redneck.
La seconde histoire (Lupus), signée Hasteda et Mégaboy, propose un huis-clos sanglant au sein d’une une aire de repos où plusieurs chauffeurs routier se retrouvent bloqués suite à un accident. Cette petite halte forcée, entourée d’une faune hostile au milieu des Carpates, tourne très vite au cauchemar. Cette aventure joue pleinement la carte de l’action et ne laisse que peu de moments de répit au lecteur. Les dessins manquent certes encore de régularité, mais les planches proposées par Mégaboy sont néanmoins extrêmement dynamiques et insufflent beaucoup d’énergie au récit.
Le dernier récit (Wintekowa), signé Hasteda et Mathieu Bablet, invite à suivre les pas de Tom Longley, un père de famille bien déterminé à traquer la créature qui a emporté son fils il y a cinq ans. Cette histoire démarre plus lentement mais gagne en intensité au fur et à mesure que le chasseur se rapproche de sa proie. L’affrontement final ne tient malheureusement pas vraiment ses promesses et le dénouement est un peu prévisible.
Pour le reste, l’ambiance est à nouveau soignée jusque dans les moindres détails, de la maquette du livre au style rétro et usé de l’ensemble, en passant par les fausses publicités, un poster détachable en fin d’ouvrage, les mini-coupons à découper ou ce vrai-faux courrier des lecteurs, qui sont insérés avec minutie dans l’album, rappelant le bon souvenir des vieux comics underground.
Bref, un septième épisode de bonne qualité, qui ouvre la porte à quelques nouveaux-venus au sein du neuvième art.