Jamais cause n’aura réuni autant d’intervenants autour d’une destination touristique qui traverse une véritable crise d’identité. C’est le cas d’Agadir qui après avoir connu une grande notoriété à la fin du siècle dernier, s’est peu à peu enfoncée dans une espèce de léthargie insidieuse. Cet état pathologique s’est répercuté sur ses établissements d’hébergement, ses restaurants, ses commerces, son animation et plus grave encore, sur une partie de ses professionnels qui ont tout simplement démissionnés.
Celle que l’on appelait la Perle du Sud, très prisée des Scandinaves et des Allemands ,de part son climat exceptionnel qui en faisait une des rares destination d’hiver rivalisant avec L’Egypte et les Iles Canaries, a oublié d’évoluer et s’est contentée de gérer le temps, comme ces équipes de foot sans ambition, qui restent au milieu du tableau avant d’être reléguées dans les divisions inférieures.
Aussi c’est avec un sursaut d’orgueil, qu’une poignée de professionnels a décidé de tirer la sonnette d’alarme et de mettre tous les intervenants devant leurs responsabilités : Ministère, ONMT, ONDA, CNT, CCG, Wilaya, Mairie, Région et professionnels. Tout ce beau monde a répondu présent avec en prime le Ministre des Finances, ancien Ministre du Tourisme et ancien Wali de la région, qui dans un élan de sincérité a fait une véritable déclaration d’amour à la région Souss Sahara Atlantique.
D’entrée de jeu, Le Ministre du Tourisme a planté le décor en rappelant que son ministère a tenté depuis 2006 d’accompagner et de repositionner les unités hôtelières défaillantes en se heurtant à chaque fois à l’absence de volonté des propriétaires à mener les démarches à terme.
Il a également dénoncé certains choix commerciaux, et notamment la formule All in, dont l’impact s’est répercuté sur l’activité de la cité qui a vu son développement freiné , ses commerçants se paupériser et son animation se réduire à sa plus simple expression. Cette formule est peut être bonne, voire légitime lorsque les établissements se trouvent excentrés, mais « Quand on a l’avantage d’être au coeur de la ville, on doit être au coeur de son économie » a t il assené au milieu de son intervention.
Interpellé par les thématiques prévues pour cette journée de réflexion, le Ministre a rappelé que la destination est pourvue depuis Mai 2013, d’un Contrat Programme Régional, qui a fait l’objet de longues concertations avant d’être validé par l’ensemble des acteurs. Réinventer la destination, c’est mettre en place une véritable stratégie intégrée et pragmatique en commençant par la mise en oeuvre et la promotion de ce CPR en assumant ses responsabilités, chacun pour ce qui le concerne afin de faire avancer les choses dans le bon sens, le sens qui sera admis par tous. Dixit le Ministre.
Cette mise en bouche a eut à mon avis le don de cadrer les débats et de permettre à tous les intervenants d’avoir une liberté de parole et un véritable sens de la responsabilité. J’ai personnellement senti, une réelle volonté de mobilisation et d’implication de tous les acteurs, publics et privés pour faire de telle sorte qu’Agadir puisse se hisser au rang des meilleures destinations balnéaires à défaut d’être parmi les grandes, car sa capacité litière ne lui permettra pas à terme ce positionnement.
Et si tel est le destin qui lui a été réservé, Agadir aura alors opté pour un tourisme de qualité, à haute valeur ajoutée et respectueux de son environnement.
Au delà des paroles, au delà des voeux des uns et des autres, il faut maintenant passer aux actes et transformer l’essai.