
Valdez is Coming!
1970
Elmore Leonard
D'Elmore Leonard, je n'ai pas lu grand chose, mais il faut dire que le peu que j'ai lu ne m'a pas incité à approfondir son oeuvre. Maximum Bob m'avait laissé un goût d'inachevé, un polar principalement basé sur l'ambiance, le glauque et le morbide, mais qui ne paraissait jamais aller au bout de ses personnages et de son intrigue. Out of Sight quant à lui, est l'un des rares bouquins que j'ai lu qui soit moins riche que le film qui en a été tiré. Valdez arrive m'a plus ou moins réconcilié avec l'auteur culte, les défauts que je lui prête devenant le principal intérêt de ce petit roman sec et nerveux. Leonard ne bâtit pas une intrigue incroyable, et c'est tant mieux! Leonard n'approfondit pas beaucoup la psyché de ses personnages, mais pour un western, c'est ça qu'il faut. Valdez, le personnage principal, est un de ces entêtés admirables du western qui va au bout de ses convictions, de son attachement à la justice telle qu'il la conçoit, la cause fut elle futile, sans gloire et perdue d'avance. Engagé à dédommager une squaw dont le négro de mari s'est fait descendre par erreur, Valdez - lui-même métèque - va aller de vexations en vexations quand il réclame de l'argent au très puissant Tanner, le petit tyran local. On le voit rien qu'à l'énoncé de l'histoire, Valdez arrive est une quête pour la reconnaissance des déclassés, des laissés pour compte, des victimes de racisme de tout genre, un livre au sous-texte politique fort qui donne la parole à ceux qu'on ne voit jamais. Valdez, humilié par les hommes de Tanner, fait ce que tout héros de western fait d'habitude, il finit par ouvrir un tiroir et sortir ses armes qui dormaient là depuis une éternité. Pas de pot, c'est à un ancien éclaireur de l'armée que Tanner s'en est pris, un dur de dur, impossible à pister, et très bon au tir. Il y a bien El Segundo, le bras droit de Tanner, qui a remarqué que Valdez avait du cran, mais il l'a remarqué trop tard. Maintenant, Valdez a récupéré ses armes, et il arrive!
A noter, la traduction d'Elie Robert-Nicoud, qui a le bon goût de traduire sans chercher à utiliser systématiquement le lexique archi-rabâché du western, et donc de ré-ancrer le livre dans une forme de d'authenticité et non pas dans le terrain de jeu habituel du western.