Il pleut
il a plu
il pleuvra
Gerbes d'eau sous les roues de la voiture,
campagne noyée
chat frileux
Derrière les baies vitrées, au chaud,
je regarde la pluie tomber
inexorablement
Hypnotisée, sidérée, en retrait
Ca me rappelle de mauvais, très mauvais souvenirs
d'un mois de novembre 2009
où d'un seul coup,
la vie est devenue REELLE
La réalité, disait Lacan, on s'y cogne toujours
Ce mois de novembre 2009, j'ai vieilli d'un coup
en une bouchée
en un coup de poing
Depuis, je n'ai pas rajeuni
depuis, mes os, ma peau, mon esprit se sont fragilisés
Je regrette ce temps où l'on croit que tout est,
tout sera possible
je le regrette amèrement
mais je ne peux plus rien refaire
juste continuer à sourire
à taire mes insomnies
mes peurs,
à taire mon temps qui passe atrocement vite
A taire mes difficultés,
et continuer à faire ma petite tambouille pour rester presque stable
Il n'y a plus le choix
il n'y a jamais eu vraiment de choix en fait, que celui de continuer
Mais un jour, le couvercle saute
et la bombe saute à la gueule
Et un jour,
on est assez fort
ou assez détaché
ou assez concentré
pour pouvoir l'écrire au grand jour
sans en rougir
... et cependant les mains tremblantes
C'est ce qu'on appelle LA VIE
cette épice qui emporte la gueule,
monte à la tête,
fait devenir fou
La vie
La vie, quoi.