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Le fakir de Romain Puértolas repart en voyage

Par Pmalgachie @pmalgachie
Ce fut la grande (et belle) surprise de la rentrée littéraire 2013 : un auteur inconnu, Romain Puértolas, publiait un premier roman au titre kilométrique : L’extraordinaire voyage du fakir qui était restécoincé dans une armoire Ikea. Succès immédiat, traductions dans le monde entier et, alors que son deuxième roman vient de paraître, réédition au Livre de poche. Voici donc l’occasion rêvée pour revenir sur un roman initial qui sera, on peut en être assuré, suivi de beaucoup d’autres. Et déjà de La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel, pour confirmer le goût qui porte Romain Puértolas vers des histoires a priori invraisemblables, nourries autant de poésie presque naïve que de réflexions sur notre monde, la société, ses maux, etc. Dialogue, mené en août 2013, quelques jours avant la parution du roman, avec un homme à l’imaginaire foisonnant… Les premiers romans sont souvent autobiographiques. Pas le vôtre ? J’aurais bien aimé. J’ai vécu une aventure avec Ajatashatru, mais pas dans une armoire. Si le livre était autobiographique, je pense que je serais quelque part entre l’embouchure du Nil et Israël, dans le coffre d’une voiture ou enfermé dans une soute de bateau, mais ce n’est pas le cas : je vis à Paris. Avez-vous eu la tentation d’écrire quelque chose de plus proche de vous ? En fait, c’est le premier livre publié mais j’ai écrit beaucoup de choses avant. Il y a toujours un peu de moi dans ce que j’écris mais dans des situations et des histoires assez rocambolesques. J’aime beaucoup la surprise qui, dans une aventure, survient en une seconde, dans notre vie à nous, bien ancrée, avec nos portables et tout ça. J’aime bien qu’une personne se trouve d’un seul coup propulsée dans une autre dimension. Dans son cas, dans de multiples dimensions… Oui, mais toujours en restant proche de la réalité. En fait, si vous regardez l’histoire du fakir, ce n’est pas de la science-fiction, en soi. C’est très rocambolesque mais ça pourrait exister. D’ailleurs, j’ai appris il n’y a pas très longtemps que Ikea, en 2009, avait sorti un modèle de lit à clous. J’étais cloué, parce que j’avais imaginé ça dans ma folie et ma folie était au-dessous de la réalité. Ajatashatru est un fakir qui mystifie les gens. Comme un romancier ? Effectivement, mystifier quelqu’un c’est le tromper en abusant de sa crédulité. C’est ce que fait Ajatashatru au début du livre, c’est un arnaqueur professionnel qui utilise des trucs en faisant croire à ses pouvoirs surnaturels. Et le roman, c’est exactement comme dans la magie : vous avez une espèce de contrat tacite entre le magicien et le spectateur qui fait que celui-ci va se laisser faire pour que le magicien ou l’écrivain l’emmène dans son imaginaire, dans l’impossible. Pour moi, le rôle de l’écrivain est de sortir le lecteur de son quotidien. Vous avez des écrivains qui veulent rester dans la réalité, moi je suis partisan de faire voyager le lecteur. En fait, vous parlez aussi de choses réelles, vous parlez d’immigration, de sans-papiers, d’inégalités, etc. A ces moments-là, le sérieux passe un peu avant l’humour… Dans ce roman, les situations sont humoristiques, le style fait référence à des choses de la vie moderne, actuelle, qui sont assez marrantes, ce ne sont pas des références très culturelles. Et j’aime contrebalancer ça avec des choses plus graves, plus tristes, comme la vie en fait. La vie est faite de joies et de pleurs. Il y a donc à la fois de l’humour et du drame, sinon cela aurait été un livre de blagues et ce n’était pas le but recherché. Les manuscrits précédents dont vous parliez, aviez-vous essayé de les faire publier ? Oui, j’avais envoyé des manuscrits. Mais celui-ci, je ne l’ai envoyé qu’à une seule maison d’édition, au Dilettante. Et donc pas aux Editions du Grabuge ? Les Editions du Grabuge, je les ai inventées et je pourrais peut-être les concrétiser dans l’avenir en les créant… L’avez-vous fait passer par une célèbre actrice ? Pas par une actrice, par une factrice ! J’ai envoyé le manuscrit par la poste, tout simplement. Je n’ai pas la chance de connaître Sophie Marceau ou Sophie Morceaux, qui a un beau rôle dans le livre. J’espère qu’elle sera contente. On lui a envoyé un roman, bien sûr, mais je n’ai pas eu d’échos pour l’instant. Il faut espérer qu’elle ne va pas vous faire un procès. J’espère, oui. Ce serait dommage… Entre l’envoi du manuscrit au Dilettante et la publication, comment les choses se sont-elles passées ? En fait, je l’ai envoyé en septembre de l’année dernière. J’ai reçu, à peu près un mois après, une lettre de l’éditeur, Dominique Gaultier, expliquant que mon manuscrit sortait du lot et qu’il voulait me rencontrer. On a pris rendez-vous, on s’est vu, il m’a dit qu’il avait aimé le manuscrit, qu’il y avait deux ou trois petites choses à approfondir, notamment le côté migrants. Au départ, je n’avais pas trop insisté dessus. Il faut savoir que je travaille à la police des frontières et je pensais que ce n’était pas trop intéressant. Il m’a dit que si et j’ai un peu approfondi cet aspect-là, celui du clandestin. Je lui ai donné ma dernière mouture deux semaines après, il a dit que c’était bon…

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