A Trois on Y Va // De Jérôme Bonnell. Avec Anaïs Demoustier, Félix Moati et Sophie Verbeeck.
Jérôme Bonnell, à qui l’on doit Le Temps de l’Aventure ou encore J’attends Quelqu’un revient ici avec A Trois on y Va, une comédie douce-amère légère et étrangement agréable. Je dis étrangement car la bande annonce ne m’avait pas plus émoustillée que ça et finalement le résultat est tout autre. En effet, le film est une petite réussite, à sa mesure j’entends bien mais une petite réussite. L’idée de créer une relation entre trois personnages avec quiproquos, situation rocambolesques, amour impossible, etc. cela fonctionne. Car A Trois on y Va reprend quelque chose que l’on connaît forcément déjà mais ce n’est pas le plus important apparemment. Le but ici est de nous faire plaisir, de nous délivrer à chaque nouvelle scène un petit truc qui peut nous déclencher un petit rire. En termes de comédie, c’est très ingénieux, car il y a de jolies trouvailles, notamment lors des scènes où l’on retrouve les trois personnages sans que les trois soient en même temps à l’écran (ou que l’autre est conscience du fait que l’autre est à l’écran). C’est compliqué mais j’y suis arrivé. Il y a quelque chose de presque onirique là dedans, proche du monde du conte, de l’histoire d’amour un peu folle sur les bords mais pas trop.
Charlotte et Micha sont jeunes et amoureux. Ils viennent de s’acheter une maison près de Lille pour y filer le parfait amour. Mais depuis quelques mois, Charlotte trompe Micha avec Mélodie… Sans rien soupçonner, se sentant toutefois un peu délaissé, Micha trompe Charlotte à son tour… mais avec Mélodie aussi ! Pour Mélodie, c’est le vertige. Complice du secret de chacun. Amoureuse des deux en même temps…
A Trois on y Va est aussi un film doté d’une tendresse extrêmement palpable. Tout au long du film on veut nous bercer de cette tendresse qui fait du bien. Anaïs Demoustier (Bird People) que j’ai tendance à trouver un peu niaise dans certains de ses derniers rôles au cinéma, a ici réussi à me fait rire et à m’attendrir de son histoire tout de même sacrément rocambolesque. Vous imaginez vous avez une meilleure amie, de qui vous êtes amoureuse et avec qui vous voulez être, sauf qu’elle est déjà avec un garçon et il se trouve que ce dernier va aussi aller voir la meilleure amie de sa petite amie pour trouver du réconfort. Le personnage de Mélodie est donc le trouble fête dans cette aventure, jouant avec l’idée d’une relation fusionnelle mais de façon originale. Ce n’est pas rare de voir des couples se séparer pour créer d’autres relations mais une telle histoire est tout de même sacrément tordue. C’est probablement ce qui permet aussi de trouver un véritable équilibre entre la folie douce et quelque chose d’un peu plus doux amère. Ce n’est pas que drôle, c’est aussi un poil dramatique (notamment le fait que Mélodie, avocate, doit défendre des cas pas toujours joyeux au tribunal, notamment une affaire de viol).
Le film de Jérôme Bonnell est donc probablement le meilleur de sa filmographie et surtout un film à la fois moderne et un peu plus désuet, c’est la confrontation des deux qui parvient finalement à faire des choses assez originales dans leur ensemble. Félix Moati reste quant à lui fidèle à lui-même, toujours un peu drôle et un peu benêt sur les bords. Anaïs Demoustier incarne quant à elle à la perfection le rôle de celle qui va mettre le souk dans la vie de notre couple principal sans trop même s’en rendre compte. Plus le temps passe et plus A Trois on y Va devient finalement drôle. C’est bien la preuve que ce film, qui se veut réjouissant prouve qu’il a bien plus à raconter. Et je ne me lasserais jamais je pense d’Anais Demoustier en avocate. C’est quelque chose qui, en termes d’humour, dépasse probablement le reste du film. Le ton de A Trois on y Va est donc très important, entre légèreté et quelque chose d’un peu plus drôle. C’est bien la preuve que cela fonctionne à la perfection. En allant voir A Trois on y Va je m’attendais à une petite comédie françaises, pas forcément avec un grand intérêt, et c’est bien plus qui s’est passé. Comme quoi, parfois les films les plus surprenants ne viennent pas forcément des choses les plus logiques.
Note : 7.5/10. En bref, une comédie légère et douce amère.