Du 3 avril 2015 au 13 juin 2015
Vernissage le jeudi 2 avril à partir de 18h30.
À l’occasion du centenaire de la commémoration du génocide arménien (24 avril 1915-2015) le travail photographique d’Antoine Agoudjian, qui depuis près de trente années s’attache à faire vivre la mémoire des arméniens,sera présenté au Bleu du Ciel en même temps que la publication d’un livre aux Éditions Flammarion. Son oeuvre, unique du fait de son étendue dans le temps est aussi représentative d’une époque dense en bouleversements qui associe une introspection artistique à un témoignage vivant et pionnier sur la cause arménienne.
Instantané
Nulle part mieux que devant ces oeuvres rassemblées ne se dévoile l’ambivalence d’un vocable familier et qui peut se faire si trompeur. Il n’est pas, en vérité une seule de ces photographies qui ne démontre, dans l’ordre du beau comme du juste, l’efficacité d’une irruption de la longue durée, tendre ou brutale, au coeur de tout moment spécifique et qui est de la sorte immobilisé. La force en naît, en chaque occurrence, à la rencontre de l’immédiat de la scène saisie et de la longue durée dont elle nous parle si fort. Et telle est bien la source d’une séduction sans pareille.
Cet équilibre fragile et savant, on considèrera peut être qu’il est incarné, métaphoriquement, par le personnage, en costume ancien, qui progresse en balance sur son fil, devant l’église immuable de l’arrière-plan.
Quête obstinée d’une mémoire: l’artiste ne cache pas son jeu, en refus affiché de toute gratuité de l’image. La prégnance du martyre arménien est obsédante, parmi l’omniprésence du deuil, entre la barbarie des hommes et les violences de la terre qui tremble. Mais voici que tout-à-coup se rencontre l’oiseau lumineux qui protège, in extremis, du désespoir. Comme le fait aussi l’enfance, en intimité avec les anciens, dans le chagrin obsédant, mais dans la détermination d’une survie, d’un courage, d’une fidélité.
Pas trace, ici, d’un didactisme ; mais le talent rare d’offrir au regard et à la pensée la trace indélébile d’un passé torturé-un passé qui pourtant laisse ouvert le chemin d’une paix rêvée, du cote des champs, de la mer et du bitume. Les peuples que l’histoire a martyrisés viennent ainsi, selon l’intention dont l’artiste, sans rien dissimuler, a choisi d’éclairer sa création, nous parler, grâce à lui, de ce que la suite des temps arrachera peut-être aux fatalités de la douleur perpétuée. Et de cette lumière aussi on lui est reconnaissant.
Jean-Noël JEANNENEY
Historien, Président des rencontres d’Arles Le bleu du ciel, 12, rue des fantasques 69001 Lyon : T +33 (0)4 72 07 84 31 W www.lebleuduciel.net
ouvert du mercredi au samedi de 14h00 à 19h00et sur rendez-vous pour les groupes