Magazine Culture

Va falloir arrêter

Publié le 27 mars 2015 par Lana

Faut que j’arrête de lire les commentaires sur internet

Faut arrêter, là. Faut juste arrêter. D’accuser le monde entier, de vouloir trouver une raison à tout, de vouloir tout maîtriser.

just-stop

Donc, il y a un gars qui crashe son avion et tue 149 personnes. C’est horrible. On ne veut plus que ça arrive. Et on va tout faire pour. Mais comment? On va essayer de comprendre ce qui lui est passé par la tête. On ne le saura jamais, mais c’est pas grave, on va tout imaginer et prendre des mesures en conséquences. Etait-il en pleine bouffée délirante aiguë? Commençait-il un trouble bipolaire ou schizophrénique? Les compagnies aériennes écartent déjà les psychotiques des ranges de leurs pilotes. Etait-il dépressif? Il l’a été en tout cas. Donc, il était certainement sous antidépresseurs. Ah ben, voilà, c’est la faute aux AD, aux psychiatres, aux médecins généralistes. Brisons le secret médical. Condamnons les médecins qui fournissent l’arme du crime. Voyons en chaque personne sous antidépresseurs un tueur potentiel.

Est-on obligé de stigmatiser toute une population à chaque drame (musulmans et personnes souffrant de maladies mentales en tête)? Est-on obligé d’inventer de nouvelles mesures qui n’éviteront pas le prochain drame, car celui-ci sera forcément différent de celui d’aujourd’hui? Est-on obligé d’entendre les loups crier à chaque fois? De vouloir mettre sous contrôle, encore et encore, et toujours plus, pour un drame, certes tragique, certes atroce, mais imprévisible?

On ne prévoira jamais tout. On ne saura jamais ce qui se passe exactement dans la tête des autres. Il y aura toujours des actes insensés, des choses qui nous échappent, des événements incompréhensibles. Si nous voulons vivre sereinement, il nous faut l’accepter, pour ne pas devenir une société paranoïaque.

Faut juste arrêter de tout mélanger. Les gens qui se soignent et l’infime minorité qui tue, les bienfaits des psychotropes et leurs abus, la psychiatrie et le pouvoir hospitalier. Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Ne pas jeter tous les patients psychiatriques aux orties. On ne parle plus de schizophrénie, là, on parle de dépression. Vous ne pouvez plus croire que vous n’êtes pas tous concernés. Il va falloir accepter que le drame fasse partie de notre vie, si on ne veut pas la rendre invivable.

Et c’est une schizophrène sous antidépresseurs qui vous le dit (encore en liberté, encore au travail, pour le moment).


Classé dans:Réflexions personnelles

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lana 4822 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog