Baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion : la fin de « l’effet Charlie » ?

Publié le 27 mars 2015 par Délis

« L’effet Charlie » persiste-t-il ou s’est-il dégonflé avec les résultats du premier tour des élections départementales ? Eléments de réponse avec Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion d’Harris interactive qui décrypte le dernier baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion.

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  1. L’effet « Charlie Hebdo » s’est-il totalement estompé pour le Président de la République et le Premier ministre à l’issue du premier tour des élections départementales ?

Jean-Daniel Lévy : Les courbes de confiance aussi bien de François Hollande que de Manuel Valls connaissent une baisse marquée. Moins 3 points pour le Président de la République, moins 7 pour le Premier ministre.  Reste que l’un comme l’autre se voient aujourd’hui dotés d’une confiance supérieure à celle qui leur était accordée avant les attentats de janvier.

Les évolutions politiques, en cette période d’entre deux tours, traduisent une double repolitisation de la structure de la confiance : d’une part un écart significatif entre les jugements accordés de la part des sympathisants UMP d’un côté, PS de l’autre (à titre illustratif Manuel Valls perd 10 points chez les premiers, 1 chez les seconds), d’autre part une forte baisse de la confiance envers le couple exécutif chez les sympathisants du Front de Gauche (33%, soit moins 11 points pour le Président, 26% – 13 chez le Premier ministre). Il s’agit donc bien d’un regard politique, lié au contexte économique et social dans lequel nous évoluons, pas seulement aux élections.

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  1. En est-il de même pour les Ministres ?

Jean-Daniel Lévy : Il est frappant d’observer deux catégories de Ministres : ceux bénéficiant de la confiance la plus importante (Bernard Cazeneuve, Jean-Yves Le Drian, Laurent Fabius, Emmanuel Macron) qui même s’ils voient – hormis pour ce dernier – leur confiance baisser bénéficient de scores supérieurs à ceux qu’ils connaissaient en décembre dernier, et les autres qui dans l’ensemble se situent à un niveau équivalent ou inférieur à la fin 2014. Les responsables politiques exerçant les fonctions régaliennes sont ainsi, actuellement, plus favorablement accueillis que les autres ministres.

Notons, dans cette période la forte progression d’Emmanuel Macron. Le Ministre de l’Economie, mis sur le devant de l’actualité avec le débat de la loi portant son nom, voit la confiance accordée à son égard s’accroitre de 5 points. Dans un moment où le chômage repart à la hausse et où les perspectives économiques ne sont pas – aux yeux des Français – tangibles, l’évolution du Ministre est notable. On pourra rappeler, que nous avions pu identifier à l’issue de l’émission des Paroles et de Actes, que deux millions de Français avaient à ce moment là « découvert » et davantage identifié sa personnalité.

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  1. Parmi les autres personnalités politiques, observe-t-on déjà des bénéficiaires du premier tour des élections départementales ? Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Lagarde et Marine Le Pen profitent-ils en termes de cote de confiance de ce scrutin ?

Jean-Daniel Lévy : Paradoxe (ou pas) de la situation, remarquons que deux responsables politiques ayant connu des fortunes diverses dans les territoires dans lesquels ils sont présents bénéficient des faveurs de l’opinion. Martine Aubry (avec le département du Nord perdu pour les socialistes) devient le responsable politique préféré des sympathisants de Gauche (65%, +4 points), Alain Juppé quand bien même à Bordeaux et dans la Gironde la Gauche et le Front National ont réalisé de bons scores, reste nettement celui préféré des personnes se situant à droite sur l’échiquier politique (72%, +1 point).  On remarquera la progression de Nicolas Sarkozy (59%, +9 points) actuellement en deuxième position parmi les sympathisants de Droite. Il progresse également de 2 points parmi l’ensemble de la population (28%). Marine Le Pen est stable à 22% parmi les Français et 85% parmi les sympathisants du FN quand Jean-Christophe Lagarde progresse 4 points, à 12% parmi l’ensemble de la population, et de 13 points au sein des sympathisants UMP, à 25%.

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Si l’on peut lire le résultat du premier tour des élections comme la conséquence de la  mobilisation différentielle en faveur des électeurs de Droite et d’Extrême-Droite, on ne peut ignorer l’étiquette politique des responsables bénéficiant de la plus grande confiance des sympathisants de gauche.  On a déjà vu celle accordée aux Maires de Lille et de Paris. On peut remarquer qu’Alain Juppé constitue la troisième personne qui suscite la confiance des sympathisants de Gauche (48%), juste devant François Bayrou (45%), puis Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon ou encore Olivier Besancenot. Et si Nicolas Sarkozy ne bénéficie que de 6% de confiance à Gauche, les personnalités de centre et de droite dont nous venons de parler donnent à voir un espace d’attractivité à considérer de la part de personnes qui, en plus de leur positionnement politique, affichent une action politique posée, rassembleuse et rassurante. Les quatre premiers du « classement » occupent une fonction de Maire d’une  ville de France. Et s’appuient sur cette expérience pour prendre la parole nationalement.