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Curiosity a détecté de l’azote, ingrédient indispensable à la vie

Publié le 27 mars 2015 par Pyxmalion @pyxmalion

Une équipe qui a examiné trois échantillons prélevés par Curiosity a annoncé la découverte de présence d’azote. C’est la première fois que cet élément indispensable à la vie est mis en évidence sur Mars.

Tandis que Curiosity poursuit sa route sur les flancs du mont Sharp, point culminant au centre du cratère Gale où il a débarqué le 6 août 2012, une équipe de chercheurs qui a travaillé sur plusieurs analyses réalisées in situ par la suite d’instrument SAM (Sample Analysis at Mars) du rover vient d’annoncer la détection (indirecte) d’azote à la surface de Mars. C’est la première fois que cet élément qui entre dans la composition de grandes molécules comme l’ADN et l’ARN qui codent les instructions génétiques pour les êtres vivants est mis en évidence. Aussi sa présence sous forme de monoxyde d’azote (NO) libéré par la décomposition de nitrates — les échantillons de roches sédimentaires prélevés par Curiosity ont été chauffés dans l’un de ses deux fours —, suggère une nouvelle fois que la planète rouge fut jadis potentiellement habitable. Du moins, dans l’environnement où travaille, depuis plus d’une année martienne déjà, l’astromobile de la mission Mars Science Laboratory (MSL). N’oublions pas que quelque temps plus tôt, celui-ci avait déjà révélé que le milieu exploré était humide, il y a plus de 3,7 milliards d’années, des rivières se déversant alors dans un lac qui remplissait plus ou moins le cratère, selon les périodes. Ajoutons aussi qu’il a établi que de la matière organique était disponible dans le sol, ce qui a permis aux chercheurs de considérer ce monde comme habitable quelques centaines de millions d’années après sa naissance.

« Découvrir une forme biochimiquement accessible d’azote est un soutien supplémentaire en faveur de l’habitabilité de l’ancien environnement du cratère Gale » explique Jennifer Stern du Goddard Space Flight Center (GSFC) de la NASA qui a dirigé l’étude publiée dans l’édition en ligne du 23 mars 2015 de la revue Proceedings of the National Academy of Science. Signalons aussi que des émanations saisonnières de méthane ont été détectées et mesurées depuis plus de deux ans (environ une année martienne) par Curiosity. Cependant, les scientifiques ne peuvent pas encore déterminer si son origine est géologique ou biologique.

roches avec veines de minéraux sur Mars

Cet affleurement rocheux traversé de veines de minéraux a été baptisé « Garden City ». Il a été photographié avec la caméra du mât de Curiosity le 18 mars 2015, lors du Sol 929

L’équipe de chercheurs et la NASA tempèrent, se gardant bien de bruler les étapes essentielles dans la caractérisation d’une possible présence de vie, passée ou actuelle, sur cette planète. Présents dans son atmosphère à l’état gazeux, les atomes d’azote (N2) liés ensemble très fortement ne peuvent interagir aisément avec d’autres molécules que seuls — séparés l’un de l’autre — ou « fixés ». Dans ce dernier cas, sur Terre, cela peut être réalisé par divers organismes vivants par exemple les plantes de la famille des légumineuses, en symbiose avec des bactéries. Autrement, des phénomènes énergétiques comme la foudre ou l’impact de météorites peuvent aussi en fixer sous forme de nitrates (NO3). Jusqu’à preuve du contraire, c’est justement cette voie non biologique que privilégie l’équipe.

L’enquête fut menée sur trois échantillons prélevés par Curiosity sur les sites nommés « Rocknest », « John Klein » et « Cumberland ». Ces deux derniers sont situés dans la baie de Yellowknife qui fut autrefois occupée par un lac. Dans le premier cas, les analyses se sont portées sur les poussières et sables déposés par les alizés et mélangés aux matériaux du site. Pour les deux autres, les données sont issues de forages des roches sédimentaires. À partir de ces échantillons, l’équipe de Jennifer Stern a évalué les quantités de nitrates à environ 1.100 ppm (parties par million).

« Les scientifiques ont longtemps pensé que les nitrates pourraient être produits sur Mars à partir de l’énergie libérée par l’impact des météorites, commente l’auteure principale de l’article, qui conclut que les quantités trouvées sont en accord avec les estimations de ce processus ».

Tout va bien pour Curiosity


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