Le premier mai 2015, le salaire minimum au Québec sera porté
à 10,55$, une augmentation de 0,20$. Environ 260 000 personnes
bénéficieront de cette hausse de salaire en mai, dont 163 000 femmes.
Pour l’histoire
En 1940, le gouvernement du Québec, dirigé par le chef
du parti libéral, Adélard Godbout, présente la première loi sur le salaire
minimum. Selon le premier ministre, cette mesure a pour objectif de maintenir
le pouvoir d'achat des bas salariés, de redistribuer la richesse et de
valoriser le travail des femmes rémunérées au salaire minimum en plus grand
nombre que les hommes.
Mais contrairement aux prétentions du premier ministre,
cette mesure était avant tout électoraliste. En effet, le 18 avril 1940 l’Assemblée
législative avait adopté le projet de loi autorisant le vote des femmes. En
adoptant la loi du salaire minimum, il espérait ainsi obtenir majoritairement
leurs votes. Mal lui en prit, car à l’élection générale suivante, le parti
conservateur de Maurice Duplessis pris le pouvoir. Les partis passent, mais
malheureusement les lois demeurent.
Le mythe du salaire
minimum
Bien sûr, cette mesure est un symbole important de lutte
contre la pauvreté, mais dans les faits, elle a peu d'effets sur les inégalités
de revenus et sur le nombre de personnes pauvres.
Selon Stephen Gordon, professeur au Département d'économie
de l'Université Laval, dans le meilleur des cas, elle n’aura pas d’effet
négatif sur la pauvreté :
«C'est une perte de temps, en ce
qui concerne la pauvreté. L'effet net est pratiquement nul. Et si une
augmentation aide une famille, c'est par pur hasard»
Dans les pires cas, le salaire minimum a comme effet
d'accroître le chômage et la pauvreté.
Salaire minimum et
emploi
Depuis près de vingt ans, le salaire minimum tourne autour
de 45 % du salaire moyen des travailleurs payés à l'heure. Selon une
étude de l'économiste Pierre Fortin, chaque hausse de 1 % du rapport
entre le salaire minimum et le salaire moyen, entraîne une baisse approximative de 8000 emplois.
La raison est que si le salaire minimum est trop élevé, les
employeurs doivent compenser le manque à gagner soit en coupant les heures
travaillées, soit en supprimant des emplois, soit en augmentant les prix.
Le 1er avril prochain, les employeurs de Seattle
devront graduellement relever le salaire minimum à 15$ l’heure. Cette mesure
irresponsable frappe de plein fouet l’industrie de la restauration. Déjà
plusieurs restaurants ont fermé ou ont annoncé leur fermeture et ce n’est qu’un
début.
Les entreprises de plus grande envergure se tournent vers l’automatisation
pour contenir l’augmentation de coûts découlant de l’imposition du salaire
minimum. Les étudiants, les travailleurs à temps partiel, les chercheurs d’un
premier emploi seront les premiers pénalisés.
Une constante chez
les socialistes
Dans le langage socialiste, un salaire minimum décent c’est
une sorte de premium à la dignité. Ce discours est peut-être valable pour ceux
qui bénéficieront du salaire minimum, mais qu’en est-il de ceux qui ne seront
jamais embauchés parce que le salaire minimum excède leur valeur
économique : les étudiants qui désirent se payer un peu de bon temps,
quelqu’un qui cherche une activité à temps partiel pour se désennuyer, un
apprenti, un handicapé léger qui vit chez ses parents, etc.
Personne, moi le premier, prétend que quelqu’un peut vivre
décemment avec un revenu de 5 $ de l’heure. L’argument selon lequel il n’est
pas possible de vivre avec un salaire en deçà d’un certain niveau est valable,
mais cela ne justifie pas l’imposition d’un salaire minimum. Il existe bien
d’autres façons moins dommageables économiquement et socialement d’assurer à
chacun le minimum vital. Ceux qui préconisent une telle mesure ignorent les
coûts invisibles de cette politique et rendent un bien mauvais service à ceux
qu’ils prétendent défendre, ce qui est une constante chez les socialistes.
La solution durable,
la productivité
Il n’existe qu’un moyen de diminuer la pauvreté, augmenter
la productivité, c’est-à-dire la valeur de chaque heure travaillée. Toujours
selon l’économiste Pierre Fortin, à moyen et à long terme les salaires
augmentent dans un rapport de un pour un avec la productivité. La croyance que
les salaires sont déterminés en fonction de l'arbitraire d'un patron est un
mythe entretenu par la gauche syndicale.
Les lois ne pourront jamais obliger les entreprises à payer leur main-d'œuvre
au-delà de sa valeur réelle. Si le travail produit rapporte moins que ce qu'il
coûte, l'emploi va nécessairement disparaître et l’employé rejoindra les
cohortes des chômeurs et des assistés sociaux. Pas exactement un moyen efficace
de lutte à la pauvreté.
Conclusion
En fait, une hausse du salaire minimum n’a aucun impact sur
la productivité et n’a donc aucun impact sur le niveau des salaires à moyen et
à long terme. C’est l’amélioration de la productivité qui permet d’améliorer la
rémunération. Donc, la lutte à la pauvreté passe par la création d’un
environnement propice à l’entrepreneuriat et aux investissements.
Hausser le salaire minimum est politiquement rentable, mais
néfaste pour les travailleurs. En définitive, l’imposition d’un salaire minimum
c’est comme enlever les deux premiers barreaux d’une échelle, les moins
débrouillards ne pourront jamais l’escalader.