NOUS RELEVONS DE L’HISTOIRE HUMAINE
PAS DE L’HISTOIRE NATURELLE
Au crépuscule à
l’ombre des peupliers
les enfants ont trouvé un essaim d’abeilles sauvages.
C’était la fin de l’été et j’ai su dès
qu’ils sont arrivés en criant, qu’assurément
cette soirée avait été distinguée entre toutes par
un doigt pointé vers les arbres,
ce douillet îlot de verdure,
le fer sucre d’orge d’une chaise de jardin,
les enfants à peine plus hauts que les ronces
rendus fébriles par la chaleur, ainsi qu’une ultime
lueur parant de reflets d’épinoche ce
carré d’herbe balayé d’une clarté
aussi élégiaque et éphémère que
des adieux en gare assortis de larmes
aperçus par la fenêtre d’un train. C’est ainsi,
me dis-je, ainsi que cette soirée d’été
a dû être élue entre toutes celles
dont sous les feuilles de peupliers –
avec leurs rayures ocres et brunes, frémissant au-dessus
des débris entassés des saisons écoulés –
un essaim d’abeilles sauvages fait son miel.
WE ARE HUMAN HISTORY
WE ARE NOT NATUREL HISTORY
At twilight in
the shadows of the poplars
the children found a swarm of wild bees.
I was late summer and I knew as
the came shouting in that, yes,
this evening had been singled out by
a finger pointing at trees,
the inland feel of that greenness,
the sugar-barley iron of a garden chair
and children still bramble-height
and fretful from the heat and a final
brightness stickle-backing that particular
patch of grass across which light
was short-lived and elegiac as
the view from a train window of
a station parting, all tears. And this,
this I thought, is how it will have been
chosen from those summer evenings
which under the leaves of the poplars –
striped dun and ochre, simmering over
the stashed-up debris of old seasons –
a swarm of wild bees is making use of.
Eavan Boland, Une femme sans pays, édition bilingue, traduit de l’anglais par Martine De Clerq, coll. « Les Passeurs d’Inuits », Le Castor Astral, 2015.
Bio-bibliographie d’Eavan Boland.