Derrière moi, l'accident: Plus de journalistes que de témoins!
Nous sommes tous devenus des addicts de l’info en continu. Autrefois - à peine hier !- nous attendions la « grand-messe », le journal de 20 h. Ou encore, la sortie en kiosque du journal Le Monde, vers 13-14 heures, à Paris. Le lendemain matin, en province. Aujourd’hui entre les « alertes » , les fils d’actualité, les tweets, les échanges sur Facebook, c’est l’info en continu , et je veux savoir tout et tout de suite. Alors on se branche sur une chaîne tout info, BFM, I-Télé, LCI et là… là c’est l’accident télévisuel et journalistique. Après l’annonce il y a 3 jours de cet épouvantable accident d’avion, il n’y eut très vite rien à dire, rien à voir, puisque « la zone est inaccessible », rien à montrer « il faut respecter le deuil des familles », personne à interviewer, puisque les rares habitants des ces petits villages n’ont rien vu, rien entendu : « j’ai vu passer un avion, mais c’est plus tard quand ils l’ont annoncé à la radio que j’ai compris qu’un avion s’était écrasé derrière chez nous ». Et les experts en boucle, et les directs « in situ », avec plus de journalistes que d’habitants sur place… Le pire, ce furent ces commentaires au moment de la visite des officiels, avec en boucle des réflexions du genre : « La chancelière Angela Merkel est à peine coiffée, on voit son émotion, elle porte la douleur de tout un peuple « etc… etc »… Heureusement que des experts nous le disent, parce que sinon, on se serait attendu à quoi ? Qu’Angela Merkel se mette à chanter une tyrolienne (elle qui d’ailleurs est du nord-est de l’Allemagne) et que Mariano Rajoy se mette à danser un flamenco (Il n’est d’ailleurs pas andalou !)? Il ne faut pas en vouloir à ces présentatrices et présentateurs, ni à ces envoyé(e)s spéciaux(ales) qui parlent pour ne rien dire. Ils ne font que suivre les directives de leurs directions. Ils ne font que meubler les minutes interminables de ces émissions spéciales – Ces « Breaking news » qui normalement devraient être exceptionnelles, mais qui aujourd’hui sont déclenchées pour un oui ou un non. Au lieu de reprendre le fil « normal » de l’actualité, il faut en permanence faire croire que nous vivons un événement unique, historique, « C’est l’accident le plus grave depuis… ». C’est comme cette histoire que l’on nous racontait enfant : A force de crier au loup, au loup , alors qu’il n’y a pas de loup, le jour où il y a vraiment un loup qui vous menace, plus personne ne vous croit. A force de tout écraser et de mettre tout au même niveau, de tout déclarer « historique » et « breaking news », les medias risquent aussi d’être de moins en moins crédibles …Nous vivons un e-poque formidable.