Avant une série de visites dimanche lundi et mardi prochain, déjeuner hier à Phélan-Ségur, une des références de l'AOC Saint-Estèphe, pour une dégustation du primeur 2014 mis en série avec le 2012, le 2011 et le 2006.
Vous lirez certainement sous les plumes des professionnels de la critique leurs points de vue sur ce 2014, ici et chez leurs voisins, n'ayant personnellement aucune compétence pour avoir une vue spécifique sur le devenir d'un vin en construction et seulement capable de décrire les plaisirs qu'il peut apporter à ce stade de sa gestation.
Par contre, lors du déjeuner, (une cuisine tip-top, cela va sans dire) les millésimes 2001, 1996 et 1993 ont amplement mis en évidence le caractère éminemment sapide de ce vin dont le prix a toujours été plus que juste.
Le 2014 et ses grands frères Notre hôtesse et deux autres invités Château Phélan-Ségur - ce n'est que mon avis - a toujours donné une certaine priorité à l'élaboration de vins clairement destinés à la gastronomie, chez soi ou en restaurants. On ne s'éloigne jamais d'une certaine finesse, d'une élégance naturelle en évitant les tanins de fin de bouche trop marqués ou trop asséchant comme cela peut se trouver sur cette appellation réputée la plus longue à évoluer en rive gauche. La mode n'a donc jamais été ici de forcer les concentrations qui ont eu la faculté étonnante de booster des critiques si sensibles aux performances de tel ou tel cru en la matière.La dégustation lors du déjeuner de ces 3 millésimes a été une démonstration éclatante, surtout le 1993, que cette élégance recherchée - et trouvée - est loin de limiter dans le temps le cru au mot standard d' "aimable" comme certains raccourcis trop rapides pourraient le faire. On a eu des vins parfaitement structurés, avec une réelle colonne vertébrale mais sans que jamais le fruit disparaisse derrière je ne sais quelle autre dominante qui offrirait des sentiments supérieurs.On comprend pourquoi ce vin, comme celui de son voisin Haut-Marbuzet, est un vin de restaurant idéal, et généralement à un prix acceptable. Certes, il est difficile pour les principaux châteaux bordelais de consacrer ainsi 15 jours à des déjeuners et dîners de presse qui permettent la mise en valeur de millésimes à leur optimum, mais c'est incontestablement le plus beau moyen de rappeler à la critique le rôle essentiel du temps … et celui de la modestie : car qui ira relire les avis écrits sur le 1993 ou même le 2001 constatera à quel point on a pu écrire des choses à mériter le bonnet d'âne… que ne connaissent plus les élèves actuels. Mais bon, ça, c'est un autre débat :-) Un grand merci à Véronique et à la famille Gardinier pour nous avoir offert cette opportunité de déguster sur une cuisine étoilée ces crus dans ces millésimes aux styles uniques mais toujours avec cette élégante sapidité qui est ici une signature de référence. Les mystères du vin et ceux d'Escher : un peu audacieux, je le concède… :-)