Il y a quelques semaines nous avons reçu un témoignage par le biais du formulaire numérique que nous mettons à la disposition du public. Plusieurs clichés avaient été réalisés durant l’observation d’un phénomène lumineux, ou d’un objet, non identifié. L’un de ces clichés avait notamment été réalisé avec un réseau de diffraction. De plus, la veille de cette observation, la Capitale avait été survolée par des objets, des « drones » aux dires des journalistes. D’où l’intérêt tout particulier que nous avons porté à ce récit. Nous le publions avec l’accord du témoin.
Témoignage
“Mercredi 25 février 2015, après deux nuits d’observations de “drones” au-dessus de Paris, je décide de partir en observation ce soir là.
Je marche vers le sommet de la butte Montmartre, j’avais l’intention de me rendre à un point d’observation d’où l’on voit la Tour Eiffel et ses alentours [ce qui n'est pas aisé sur la butte, l'orientation du panorama au Sacré Cœur, la vue la plus fameuse et dégagée, est orientée au Sud (171°) et des bâtiments cachent la partie Ouest (à droite), dont la Tour Eiffel dont on aperçoit uniquement le sommet etc... la vue se termine à l'Ouest sur la Grande Roue de la Concorde]. Arrivant à ce point de vue prévu vers 22h55, surprise, des travaux bouchent littéralement la vue et son trottoir, des échafaudages et panneaux métalliques masquent quasiment tout…Je change d’option et décide de rejoindre le sommet, au Sacré Cœur à 150m de là à l’Est.
Après quelques dizaines de mètres je dépasse des arbres dont les branches masquent la vue et je remarque en face de moi dans le ciel une lumière plutôt intense orange-dense. Cela m’a rappelé la couleur de Mars que j’ai déjà observée par le passé. Mais le ciel était opaque, la couverture nuageuse était assez basse et on ne voyait aucune étoile. Nous avions le ciel typique de pollution lumineuse, nuages rouge-violacé par la lumière urbaine.Deux femmes à proximité de moi marchant dans le même sens :
– Oh regarde c’est quoi ? Un avion ?
(l’autre) – Ou un drone…La lumière s’éloignait lentement (vers l’Est). L’altitude est difficile à estimer, mais c’était largement au-dessus des bâtiments entre plusieurs centaines de mètres ou quelques kilomètres. Son altitude était inférieur à 45° par rapport au sol. (env 12° d’après l’analyse de mes clichés). Sa taille n’était pas ponctuelle. Il n’y avait pas de lumières vertes et rouges clignotantes comme l’ont les avions au bout des ailes.
Il n’y avait que cette couleur orange-dense, très lumineuse. Elle surpasserait n’importe quelle étoile ou planète si elles avaient été visibles. Lumière diffuse dans un premier temps comme légèrement à l’intérieur de la couche nuageuse, puis en s’éloignant elle devint plus nette. Puis sa luminosité diminua jusqu’à ne plus émettre de lumière du tout. Là pendant un instant il ne restait plus qu’un objet sombre qui disparu de ma vue car trop loin et sans lumières désormais.Prêt à partir en observation, j’avais mon appareil photo numérique en main avec une bonnette à réseau de diffraction “rabattable” devant l’objectif. J’ai pris plusieurs clichés avec et sans bonnette en m’arrêtant à plusieurs reprises.
Un peu pris de court (je partais en observation et voilà qu’à peine arrivé j’observe déjà quelque chose, pas encore installé avec mini-trépied pour avoir des clichés fixes), les photos ont un léger bougé (1/4s).
L’éclairage urbain très proche et nombreux a beaucoup parasité les clichés avec bonnette et je ne pense pas à l’heure actuelle avoir pu obtenir un spectre de cette lumière utilisable malheureusement. A confirmer.
A la fin de l’observation (objet disparu), j’ai regardé l’heure: 22h59J’avais réglé l’heure de mon APN avant de partir car en absence de recharge prolongée, l’heure s’était réinitialisée. Les photo sont donc correctement horodatée, et l’écart heure téléphone/APN est à +/- 1s la même.
Après mon observation j’ai également pris une capture d’écran de l’application FlightRadar sur mon téléphone qui donne le trafic aérien temps réel. J’ai ainsi le parcours, l’altitude et vitesse de l’avion le plus “proche”, mais après l’observation (23h00m13s)Après vérification Jupiter était à 160 d’Azimuth, Sud-SudEst, mon observation: Est
Après vérification le vent soufflait vers l’opposé à l’Ouest, incompatible avec une lanterne Thaïlandaise qui serait venue vers moi et non l’inverse.”
Informations complémentaires
Situation de l’observation (d’après le témoin) :
Explications du témoin :
Le cliché P1020552 a été le premier réalisé. Le cliché P1020556 a été le dernier. Entre ces deux points géographiques, une série de clichés a été réalisée :- Un cliché référencé P10200553 a été réalisé depuis le premier point d’observation (1).
- Un cliché référencé P10200555 a été réalisé entre le premier et le dernier point d’observation, entre les points (1) et (3).
Le témoin a précisé lors d’une discussion avoir mal interprété les archives météo, et avoir inversé la direction/provenance du vent.
Clichés réalisés durant l’observation
P1020552
P1020553
P1020555 (zoom)
Rappel important : il est fortement déconseillé de zoomer lors de la réalisation d’un cliché de spectre. Vous risquez ne pas faire l’acquisition du spectre, mais uniquement de la source lumineuse, ce qui n’est pas le but recherché.
P1020556
Données EXIF
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P1020552 Prise de vue : 25/02/2015 22:57 Appareil photo : Panasonic Modèle : DMC-FX12 Focale : F/3.2 Temps d'exposition : 1/4 secondes Vitesse ISO : ISO-400 Longueur de focale : 9,1mm
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P1020553 Prise de vue : 25/02/2015 22:57 Appareil photo : Panasonic Modèle : DMC-FX12 Focale : F/3.5 Temps d'exposition : 1/4 secondes Vitesse ISO : ISO-400 Longueur de focale : 9,1mm
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P1020555 Prise de vue : 25/02/2015 22:58 Appareil photo : Panasonic Modèle : DMC-FX12 Focale : F/5 Temps d'exposition : 1/4 secondes Vitesse ISO : ISO-400 Longueur de focale : 17mm
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P1020556 Prise de vue : 25/02/2015 22:58 Appareil photo : Panasonic Modèle : DMC-FX12 Focale : F/3.2 Temps d'exposition : 1/4 secondes Vitesse ISO : ISO-400 Longueur de focale : 7,5mm
Notre avis
Le spectre du phénomène observé est malheureusement absent sur le cliché P1020553. L’intensité de la source lumineuse en question, ainsi que le temps de pose dans ce cas particulier, n’ont apparemment pas été suffisants pour faire l’acquisition d’un spectre. Le spectre de la source lumineuse à étudier, si celui-ci est présent, est masqué par le spectre d’un réverbère de rue. Pour éviter cela, une solution consiste à tourner l’appareil, ou la bonnette du réseau. Si ce phénomène, ou cet objet, avait été plus proche du témoin, il en aurait été tout autrement.
Extrait du témoignage :
“Il n’y avait pas de lumières vertes et rouges clignotantes comme l’ont les avions au bout des ailes. Il n’y avait que cette couleur orange-dense, très lumineuse. Elle surpasserait n’importe quelle étoile ou planète si elles avaient été visibles.
Lumière diffuse dans un premier temps comme légèrement à l’intérieur de la couche nuageuse, puis en s’éloignant elle devint plus nette. Puis sa luminosité diminua jusqu’à ne plus émettre de lumière du tout. Là pendant un instant il ne restait plus qu’un objet sombre qui disparu de ma vue car trop loin et sans lumières désormais.”
Certains éléments du récit nous permettraient de déduire que le témoin a observé une lanterne thaïlandaise : la couleur de cette lumière nocturne, son comportement, ainsi que la direction et le sens du vent au moment de l’observation. Mais il ne s’agit que d’une simple déduction, basée en partie sur la perception du témoin et non sur des éléments analysables avec des techniques éprouvées et des outils spécialisés. En l’absence de données scientifiques, nous ne pouvons poursuivre notre analyse.
Un spectre aurait été un indice supplémentaire, une véritable empreinte digitale de la source lumineuse. En effet, comme l’a parfaitement compris le témoin, l’utilisation d’un réseau de diffraction permet d’identifier la présence d’une lanterne thaïlandaise en quelques secondes. En plaçant cet outil devant l’objectif d’un appareil de prise de vue, il est possible d’observer le spectre caractéristique d’une source incandescente.
Exemple de spectre d’une lanterne thaïlandaise
Jusqu’à aujourd’hui, la très grande majorité des clichés que nous avons reçus ont été réalisés sans réseau de diffraction. Nous tenons donc à féliciter le témoin pour avoir eu le réflexe d’utiliser un réseau de diffraction et d’avoir eu les bons gestes, notamment en réalisant un cliché de fond du ciel quelques secondes après son observation. Un cliché qui s’avère très utile pour atténuer le bruit de fond du cliché à analyser.
Les clichés de spectres reçus via ce témoignage vont tout de même rejoindre la base de données UFOSpectra. En effet la base de données intègre les clichés de toutes sources lumineuses connues (dans ce cas précis, les réverbères de rue) et enregistre les caractéristiques du matériel utilisé. Ces données s’avèrent utiles pour les phases d’étalonnage.
Nous remercions Vincent pour avoir donné le bon exemple à suivre, qui nous l’espérons, motivera un grand nombre de personnes à s’équiper d’un réseau de diffraction.