Aller à la rencontre de la forêt amazonienne, humer ses odeurs, se laisser cerner par sa végétation luxuriante, se faire peur avec des animaux hostiles… On en rêvait. On l’a fait! C’était dans les meilleures conditions imaginables. On a choisi un lodge à 3h de voyage de Manaus ( ville située au cœur de l’Amazonie dont je vous reparlerai très vite). On était vraiment loin de toute civilisation mais avec un guide et une organisation sans faille. On logeait dans un bungalow sur pilotis avec un luxe inouï pour le lieu : un lit, un wc et une douche. Pas de téléphone, pas de télévision, pas d’Internet mais le spectacle permanent de la nature.
un bungalow Juma Amazon Lodge
Pour rejoindre le lodge, on est partis de Manaus : un bus pour aller au port puis un bateau pour traverser le fleuve ( 30 min), une voiture (1h) sur une route goudronnée puis sur un chemin de terre rouge. Quand le chemin est coupé par une rivière ( on est en saison des pluies), un bateau a pris la relève pour la dernière partie (1h). J’ai essayé de retrouver l’itinéraire mais franchement la dernière partie était un labyrinthe et Google ne m’a pas beaucoup aidée! ( j’ai trouvé les limites du monstre Google!!!)
Quelques images de nos différentes étapes pour accéder à notre lodge:
Le trajet pour rejoindre le lodge nous plonge déjà dans la Beauté : du vert, beaucoup de calme, des reflets impressionnants sur l’eau… Pourquoi parle t-on de l’Amazonie comme d’un « enfer vert »? On aura quelques pistes par la suite… Le décor doit être très différent selon les mois de l’année. La saison des pluies de décembre à mai crée une montée des eaux impressionnante. De nombreux arbres sont à moitié immergés. On voit des marques sur de très hauts arbres qui montrent le niveau qui sera atteint au plus haut de la saison des pluies: encore 5 à 8 mètres selon les endroits! Naviguer sur ces « canaux » doit demander beaucoup de connaissance des lieux. Au fur et à mesure de l’avancée en bateau, les maisons sur les rives deviennent de plus en plus rares… Pas d’autres bateaux que le notre… Le reflet des arbres sur l’eau crée des illusions d’optique impressionnantes. On a parfois l’impression de se trouver au bord d’une chute! L’arrivée à notre lodge est magique… Regardez plutôt:
Aucune construction dans les environs, aucun bruit en dehors de ceux de la nature : les oiseaux, le singe qui appelle ses femelles à heures fixes, le caïman qui se jette dans l’eau sous le bungalow… On a pu approcher et comprendre un peu plus cette nature grâce à notre guide Enrique, un indien Quechua du Pérou qui vit au Brésil depuis 15 ans et connait la forêt comme sa poche. Il nous avait concocté un programme bien intense du matin au soir. On n’a pas l’habitude de suivre un guide ou un programme quand on part en voyage mais dans cette nature hostile, c’est obligatoire pour des raisons de sécurité et vraiment intéressant pour voir ce qui nous entoure. Les animaux, par exemple, sont bien dissimulés et il faut des yeux avertis pour les repérer. Les photographier est encore plus dur! Il y a les animaux tout jolis tout mignons qu’on a envie d’approcher….
Et il y a les animaux qui sont vraiment effrayants et qu’on touche seulement quand on nous assure qu’ils sont inoffensifs.
Un moment extrêmement fort a été la sortie nocturne à la rencontre des caïmans : nuit noire, pas d’étoiles ni de lune à cause des gros nuages. Le déplacement en barque entre les arbres avec une lampe de poche nous plonge dans une atmosphère flippante. Quand le guide descend de la barque et met les pieds dans l’eau en sandales au lieu même où il vient de repérer les yeux jaunes d’un caïman, je peux vous assurer qu’on est en état d’alerte maximale. Il a trouvé un bébé caïman qu’il a saisi à la vitesse de l’éclair! Que fait-on en cas d’attaque d’un plus gros? Notre guide a eu beau nous expliquer après-coup que le risque fait partie de son travail, on est convaincus qu’il a pris de gros risques et qu’un jour un touriste assistera au drame en direct! Notre guide aimait bien nous provoquer des émotions. On a eu droit à d’autres « petits jeux »: prendre le bébé python ( qui a déjà beaucoup de force), mettre la main sur la fourmilière puis se dépêcher pour chasser les fourmis avant qu’elles rentrent dans les vêtements où elles se mettent à piquer ( elles n’aiment pas être en environnement clos). On a ensuite une odeur particulière sur le corps qui masque l’odeur corporelle et permet de chasser plus efficacement ( technique indienne). Benoit et moi, on n’a pas joué au « jeu des fourmis ». Moi, je n’avais pas envie de tuer des fourmis juste pour « jouer ». Idem avec un jeu plus difficile encore : manger un gros ver blanc vivant! J’aurais vraiment adoré déguster ce truc laiteux digne de Koh Lanta mais 1) Le pilote du bateau qui est du coin m’a dit qu’il n’en mangeait pas et j’ai trouvé ça louche et 2) je ne voulais pas tuer un animal en le décapitant avec mes dents. J’espère que les défenseurs de la cause animale apprécieront le geste!!! Par contre, j’ai bien aimé me lancer entre les arbres avec une liane comme Jane. Notre guide a un petit coté G.O. Club Med et moi, j’ai un petit côté Jane de la jungle que je devais vivre pleinement! ( souvenirs des arbres de mon enfance) Les photos de Jane et Tarzan ne sont pas montrables malheureusement! ( on allait tellement vite que les photos sont floues !!!). On est aussi partis à la pêche aux piranhas avec nos canes à pêche artisanales. On a changé plusieurs fois de lieux mais les piranhas sont malins : ils mangent le morceau de viande de ton appât mais ne mordent pas à l’hameçon! Des moments de grand silence dans un cadre sublime! Mais pas un seul piranha à ramener au dîner! Dommage! Rassurez-vous, on a eu de quoi manger! On a d’ailleurs super bien mangé pendant tout notre séjour : différents poissons du fleuve, des légumes et fruits locaux….
Admirez le sérieux de Benoit pendant la pêche aux piranhas!!!
Lors d’une marche de quelques heures, notre guide nous a expliqué beaucoup de choses sur les plantes et les arbres et j’ai retenu 3 choses importantes: 1) Les arbres peuvent soigner à peu près tout quand tu es dans la jungle 2) Des arbres peuvent aussi te faire mourir dans d’atroces souffrances. 3) Une erreur dans la jungle ne pardonne pas, alors en cas de besoin, appelle Enrique avant de choisir l’arbre pour te soigner!!! Au début des explications, tu essaies de mémoriser les noms, les actions médicinales, l’aspect de la plante puis au bout de quelques temps tu mélanges tout et tu penses au point 3). Je ne vous expliquerai donc rien sur les plantes, je ne veux porter aucune responsabilité en cas d’agonie pénible lors de votre prochaine marche dans la jungle ;-) Je vous laisse admirer la beauté de ces arbres :
Le dernier arbre est très spécial, il est typique de l’Amazonie et s’appelle Samaúma. Celui de la photo est le plus grand arbre de la région, il a entre 700 et 800 ans et peut vivre encore autant d’années. Pour les indiens, c’est un dieu qu’on vénère. Il est surnommé « Mère de la nature », « escalier du ciel » ou même « arbre de vie ». Une coutume indienne (que j’espère vraiment terminée) est de venir au pied de l’arbre avec son nouveau-né pour remercier la Mère Nature. Si le bébé est malade, on remercie aussi mais…. on jette le bébé dans la rivière!!! :-( Pas de bébé en vue lors de notre venue mais des hordes de moustiques qui nous ont sauvagement attaqués malgré l’anti-moustique! Les gardes du corps du Dieu Samaúma probablement! Après la marche en forêt, on nous a préparé un super barbecue:
Lever de soleil
On a bien aimé aussi en apprendre plus sur la vie des Caboclos qui vivent dans la région. Notre guide nous a expliqué que les Caboclos sont des métis d’indiens et de non-indiens. Selon la tradition ancestrale, les jeunes indiens, à l’age de 12 ans doivent accomplir un rituel initiatique de survie très douloureux et dangereux. S’ils n’y parviennent pas, ils sont rejetés de la communauté et n’ont d’autre choix que de créer une famille avec une non-indienne. De cette union naîtront les Caboclos. On est allés rendre visite à une jeune famille ( des ados!) qui vit de la culture du manioc. Ils cultivent aussi plusieurs plantes qu’on a pu humer, goûter. Des surprises plus ou moins agréables pour le palais. Ils avaient plein d’animaux sur leur terrain dont une jeune femelle tapir domestiquée. Celle qu’on a prénommée Brigitte (!) étaient très douce jusqu’au moment où elle a attaqué une femme en essayant de la mordre!
Un autre moment magique a été le coucher du soleil depuis une barque dans une immensité tranquille:
Magie de la fin de journée
En dehors de ces petits événements et des moments magnifiques immortalisés par des photos, il y a toutes ces scènes du quotidien qu’on ne photographie pas, ces ambiances particulières, ces émotions fortes. Se laisser guider, faire confiance aveuglément à celui qu’on ne connaissait pas la veille. L’impression d’être minuscule et désarmée dans cette nature impressionnante où les animaux invisibles sont pourtant bien là et t’observent!
L’Amazonie est vraiment une destination exceptionnelle mais je la déconseille à tous les phobiques des insectes, araignées, serpents et caïmans. Honnêtement, ce sont eux les rois de la jungle! Je la déconseille aussi à ceux qui ont besoin d’être reliés au monde ou à leurs proches tous les jours. On est vraiment injoignables et on ne sait rien de ce qui se passe ailleurs! Et surtout, ceux qui ont des problèmes de santé prennent un risque en s’éloignant autant d’une ville. Vaut mieux se renseigner sur les plans d’urgence du lodge! ;-)
En dehors de ces réserves, je conseille vraiment aux amateurs de nature vierge de tenter une petite incursion dans cet univers. C’est aussi un excellent moyen de lâcher prise et de retrouver sa place dans l’univers : on n’est qu’un truc minuscule et vulnérable dans une immensité majestueuse!!!
Alors, une petite escapade amazonienne vous tenterait?