L’économie de partage est elle aussi affectée par le fossé technologique entre les entreprises et les régulateurs.
Les acteurs de la Sharing Economy ont également été invités à prendre part à l’événement “Réguler l’économie de la disruption” à l’école de droit UC Hastings à San Francisco. Ils sont d’ailleurs unanimes pour souligner le fossé qui se creuse entre le gouvernement et les entreprises technologiques. Prenons l’exemple de Lyft spécialisée dans le covoiturage urbain. Candice Taylor, avocate chez Lyft, est ferme : “Il est nécessaire de trouver un objectif commun avec les régulateurs. Nous devons leur prouver les bénéfices environnementaux et les opportunités économiques que nous créons afin d’être en phase avec les nouvelles régulations créées.” explique-t-elle. Katie Biber, directrice des litiges chez Airbnb, d’ajouter : “Les régulateurs doivent comprendre que notre activité est devenue grand public et doivent donc s’adapter.” En effet, les chiffres partagés par l’avocate informent que les nuitées les plus fructueuses pour Airbnb permettaient de loger près de 600.000 personnes dans le monde. “Les décideurs devraient aborder les nouvelles technologies avec moins de suspicion et plus d’éducation.” commente-t-elle. Les deux avocates précisent que leurs entreprises respectives mettent un point d’honneur à réguler leur service à l’aide d’une équipe dédiée à la confiance et la sécurité (Trust & Safety) de 60 personnes chez Lyft et 120 chez Airbnb. Charles Belle, fondateur de Startup Policy Lab, structure qui met en relation start-ups et décideurs politiques, explique que dès lors qu’une activité touche les consommateurs, il est normal que les régulations aient un impact sur les entreprises. Néanmoins, l’objectif de ces entreprises est d’évoluer à grande échelle et rapidement, ce qui n’est pas du tout pris en compte par les instances régulatrices.
Des régulateurs pas assez réactifs
Les régulations publiques existent et sont utiles pour veiller à la sécurité des consommateurs, mais elles ne sont plus valables dans l’économie actuelle. Katie Biber explique notamment que les services numériques offerts par Airbnb permettent de remplir une plainte liée à un défaut au sein d’un logement très rapidement et de recevoir une réponse au plus vite. A contrario, une personne souhaitant remplir une demande de plainte auprès d’une municipalité devra remplir de nombreuses procédures administratives pour que sa demande soit traitée longtemps après et ne sera pas assurée de recevoir une réponse. Toutefois, les échanges avec les régulateurs publics sont globalement positifs. Pour le cas d’Airbnb par exemple, les villes sont intéressées et volontaires pour améliorer les régulations en place afin d’encourager l’innovation et le tourisme local.
Les entreprises sont capables de s’auto-réguler
“Il est important de trouver ce juste milieu, cet espace qui va permettre aux régulateurs et aux entreprises de se rencontrer pour discuter.” commente Charles Belle. Dans une autre mesure, les régulations ne proviennent pas obligatoirement de la sphère publique et les entreprises peuvent également s’auto-réguler. Pour Lyft et Airbnb, cela passe par les notes et les commentaires adressés aux chauffeurs ou aux propriétaires de logement. “Les commentaires en ligne constituent la pièce maîtresse dans l’interaction avec les autres et nous y accordons beaucoup d’importance.” explique Katie Biber. Selon elle, les régulateurs doivent comprendre que les enjeux de sécurité sont tout aussi importants pour les entreprises que pour eux. “S’il y a un problème dans une voiture, nous avons la possibilité de vérifier l’heure exacte, le nom du chauffeur, etc. Cependant, nous n’abusons pas de ces informations.” précise Candice Taylor. En effet, les problématiques d’open data rendent complexes le fait de partager les informations avec les gouvernements, au détriment de la confidentialité des consommateurs.