La catastrophe de l’Airbus A320, à bord duquel se trouvaient 144 passagers et 6 membres d'équipage, qui a eu lieu mardi 24 mars dans la région de Barcelonnette, dans les Alpes-de-Haute-Provence a éloigné du premier plan médiatique les résultats du premier tour des Départementales et la campagne pour le second tour.
Ces résultats ont donné lieu, en effet, à des torrents de commentaires qui s’acharnaient à trouver dans les scores respectifs des uns et des autres l’illustration des bons choix et le bien-fondé des orientations retenues. Tous les partis se sont réjouis de leurs résultats. Rarement, soir et lendemain d’élection n’avaient donné lieu à de tels assauts argumentatifs à base de nombres, de taux, de ratios, de comparaisons et de chiffres brutalement interrogés pour passer aux aveux. De la vraie maltraitance de chiffres qui furent sommés d’affirmer le contraire de ce qu’ils avaient l’outrecuidance de démontrer ! Mêmes les décimales furent suspectées. On assista à de vaines mais astucieuses querelles de chiffroniers.
La confirmation de la catastrophe apporte à la fois du répit et de la décence. Le Premier ministre annonce quelques heures après l’annonce de l’accident qu’il suspend pour 24 heures son engagement dans la campagne des Départementales « pour superviser les travaux de la cellule de crise ». Place à la communication de crise. Sa technologie est mieux connue qu’auparavant et les institutions ont appris à en apprivoiser les fondamentaux. Elle répond à un certain nombre de questions dont le traitement s’avère déterminant : Quand faut-il s’exprimer ? Qui est légitimement habilité à s’exprimer ? Quels sont les mots à mettre en avant ? Quand et comment mettre en place des rendez-vous avec les médias ? Comment laisser s’incarner l’émotion collective ? Quand mettre fin à la séquence ? Une communication nouvelle va succéder à la communication circonstanciée : comment la définir ?
Si, dans l’ensemble, la communication autour de la catastrophe a bien fonctionné du côté de l’Elysée et, vaille que vaille, du côté de Matignon, il n’en n’est pas de même pour l’ensemble des acteurs publics. Les uns accusent le pouvoir de récupérer la catastrophe à des fins politiques, d’autres s’affranchissent d’une solidarité qui devrait être unanime. Des tweets équivoques circulent. La communication est une culture. L'empathie avec les victimes s'exprime aussi dans le dispositif de communication conçu relativement aux circonstances. C’est en actes que l’on prouve qu’on la possède ou la maîtrise. Au risque que la communication de crise ne dévoile une crise dans la communication.