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Le directeur de l’école du Mas de la Raz à Villefontaine, en garde à vue depuis lundi matin pour "viols aggravés", a été déféré hier au pôle criminel de Grenoble. En raison de la nature criminelle des faits dénoncés par les jeunes victimes, le parquet de Vienne s’est dessaisi. Une information judiciaire a été ouverte dans la foulée. Le directeur de l’école a fini par avouer devant les enquêteurs. Selon le procureur de la République de Vienne, "l’intéressé a reconnu tout d’abord la détention d’images pédopornographiques, expliquant qu’il s’agissait pour lui d’une addiction qui n’avait pas cessé depuis plusieurs années, puis dans un second temps, a reconnu avoir fait subir à plusieurs mineurs les fellations qui lui étaient reprochées". L’homme a également admis avoir photographié puis effacé ces agressions, à l’aide de matériel vidéo pré-positionné dans la classe. Toujours selon le procureur, les investigations menées dans le temps de la garde à vue ont permis d’enregistrer neuf plaintes correspondant à neuf mineurs de la classe de cet enseignant, soit sept filles et deux garçons.
Selon une source proche de l’enquête, le directeur avait mis en place un atelier du goût dans l'unique but de satisfaire sa perversité. Dans une interview à "La voix de l’école" en date de septembre 2014, la lettre d’information du syndicat SNE-FGAF (syndicat national des écoles), l’homme détaillait "son parcours syndical de plus de quinze ans (avec plus ou moins d’implication)" et sa récente adhésion au SNE. Il expliquait la volonté de son engagement "pour que les enseignants relèvent la tête et reprennent en main leur métier. Et pour que ce métier soit de nouveau considéré et que l’Ecole ne soit plus le fourre tout de la société". A l’issue d’une réunion à l’école, les témoignages des parents de la classe du directeur soupçonné de viols sur mineurs attestent que toute la classe est concernée. Une première évaluation psychologique indique que tous les enfants sont atteints du syndrome de Stockholm. "L’enquête qui va s’engager devra nous permettre de savoir comment cela a pu arriver et il faudra en tirer des conclusions", a déclaré M. Le Foll interrogé par la presse lors du compte-rendu du Conseil des ministres sur le cas de ce directeur, déjà condamné pour détention d’images pédopornographiques. Le porte-parole du gouvernement a estimé qu’il n’était "pas acceptable" que le directeur d’une école primaire de l’Isère soupçonné de viols sur des élèves "ait pu continuer à enseigner" compte tenu de ses antécédents. Les viols des enfants de Villefontaine auraient-ils pu être évités? Si oui, qui est responsable? Epineuses questions, auxquelles vont devoir tenter de répondre la ministre de l'Education Nationale, Najat Vallaud-Belkacem, et son homologue de la Justice, Christiane Taubira.FG