Quand on a appris que Neeskens participait à The Voice. On a eu un peu peur. Vraiment. On guettait chaque émission. On se demandait si la grosse machine TF1 était adaptée pour la délicatesse de sa musique. S’il n’allait pas se faire écrabouiller par les gros showmen, lui qui ne semble pas toujours si à l’aise sur scène.
Il y a eu la première chanson, tu sais, lors des « auditions à l’aveugle » : Wicked Game, de Chris Isaak. Entre Neeskens et le crooner, aucun rapport, il y a deux mondes pour ne pas dire deux galaxies de différence. Mais, entre la chanson originale et celle du chanteur d’Annecy, il y a eu une ribambelle de cover, dont celle de James Vincent McMorrow qui nous a littéralement faites fondre. La reprise de Neeskens est dans la même lignée, toute en arpèges et en douceur. On avoue, on a regardé sa prestation en se cachant un peu derrière nos doigts. La peur, le stress, c’est comme si on suivait la course à cheval de notre meilleur ami. Et s’il se cassait la gueule ? Et s’il ratait un obstacle ? On se mord les lèvres, on retient notre respiration. Ouf. Ça passe. C’est beau, c’est pas parfait, la voix tremble un peu. L’émotion. Les quatre coachs craquent, les internautes craquent. C’est gagné.
Deuxième étape : Wonderwall d’Oasis. Changement de registre, loin de sa pop-folk d’orfèvre habituelle, Neeskens fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Pas de marge de manœuvre, il faudra coller à la chanson originale, aucun espace pour le jeune homme. C’est un peu faux, il n’est visiblement pas convaincu, néanmoins Zazie fait appel à sa mémoire, et ça passe là aussi. Mais on n’est pas conquises. Il y avait la voix mais pas l’univers qui entoure Neeskens et qu’on aime tant. On ne lui jette pas la pierre, on n’a juste pas compris ce choix qui n’allait ni à Neeskens, ni à son concurrent malheureux, Tom.
Troisième étape : La légende de Jimmy de Diane Tell. Étonnant. Au début, on n’a pas vraiment compris ce choix. On a encore plus peur que lors de l’audition à l’aveugle. Et puis, pour la première fois (de notre vie!), on va l’entendre chanter en français. Les doigts se tordent de plus en plus. On a un œil ouvert, un œil fermé. On n’ose pas regarder la télé, on a presque mal au ventre. Oui, c’est comme si c’était un peu nous qui passait devant Zazie et les autres coaches. On se sent comme à l’oral du baccalauréat…
Neeskens fera de cette chanson un bijou. Ce n’est pas une reprise mais une véritable adaptation. Les arrangements sont élégants et vaporeux. Zazie parlait de Sigur Ros. Nous, on dit même Radiohead. C’est beau. Jenifer est emballée. Mika était totalement séduit. Zazie en avait les bras qui tombaient, elle achètera les disques de Neeskens et ira à ses concerts. Nous: on est en larmes.
Mais le parcours du garçon s’arrête là. Incompréhensible mais égoïstement on se dit tant mieux. Certes, on ne le verra pas revisiter des chansons nulles à la télé chaque samedi soir, mais on se dit qu’il a réussi son pari : se faire connaître auprès du grand public, ce public qui n’a pas voulu aller à sa rencontre les précédentes années. On est contentes qu’enfin ça décolle pour Neeskens. Contentes que son concert à la Boule Noire affiche complet, alors que six mois auparavant, nous n’étions qu’une trentaine aux Trois Baudets. Que des dates de tournée se calent et qu’elles soient encore plus nombreuses en Rhône-Alpes, mais surtout plus loin maintenant. On se dit que c’était une très bonne idée de passer dans cette émission que pourtant on ne porte pas dans notre cœur !
Mais, au fond de nous, on éprouve un sentiment bizarre : ce Neeskens, ce secret si bien gardé, on va devoir désormais le partager avec beaucoup, beaucoup de gens !