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Max | Beignets chantilly

Publié le 25 mars 2015 par Aragon

beignetmom.jpgJ'ai dit stop saga familia ! Ça ne pouvait cependant se conclure que sur une note sucrée. Sur du doux. Elle n'avait plus envie de faire la cuisine, y'a pas longtemps encore. Ce qu'elle a épluché, préparé, malaxé, pétri, farci, découpé, bardé, tartiné, élaboré, enfourné, cuit, rissolé, mijoté, mitonné, mis en boîte, etc. ne tiendrait pas dans la rue où elle habite. C'est vrai que ma mère a tout fait. Reine des cuisinières et des pâtissières pendant ??? Des lustres...  Une vie...

Elle en avait donc marre il y a peu. M'avait dit en début d'année : " Les pâtisseries stop, j'ai plus le goût de faire ça..." J'y avais dit : " Ok maman, t'as donné, t'as tant donné, t'as presque tout donné dans ta vie, le meilleur de toi-même... Ok, du repos côté fourneaux, c'est amplement mérité..."

Y'a deux jours elle me dit en souriant comme une gamine qui ferait une bonne blague: " Tu sais pas ? Et bien j'ai trop envie de faire des beignets et des gâteaux aussi..." Et c'est reparti mon kiki. Bientôt quatre-vingt-onze ans au compteur et dimanche il y avait une superbe tarte amandine sur leur table et aujourd'hui des beignets. J'hallucinais !!! J'en avais l'oeil qui brillait, j'en aurais chialé quand j'ai vu ça... des beignets. Elle a fait des beignets. Croyez-moi c'est un sacré boulot en pâtisserie, les beignets.

Ses beignets à elle sont les rois des beignets. Ils sont commaks. Sont gros, joufflus comme les fesses à Béru, énormes, généreux, époustouflants, sont parfumés comme des filles, divinement parfumés : au pastis - "le pastaga" quoi - et aux zestes multiples (citron et orange bio), plein d'autres parfums éblouissants encore, sont si goûteux, moelleux et croquants sachant réunir les plus sublimes, les plus délirants paradoxes, en matière de grande mais modeste pâtisserie amateur & familiale...

M'en a fait passé quatre hier soir et quatre autres ce midi. J'ai fait comme j'ai souvent fait avec les beignets de mom : opération clystère. Je leur enfourne la canule d'une "bombe" de bonne crème chantilly (à la vanille de Madagascar par exemple) dans le fondement et j'appuie jusqu'à ce qu'ils rendent grâce. Ensuite, il faut regarder "l'ouvrage". Le savourer du regard sans le mettre dans la bouche. Savoir patienter. Résister. Laisser mûrir, éclore, le désir. Comme le chocolat, très érotique la pâtisserie.

Un beignet de mom c'est gros comme une orange. Après le regard, il faut fermer les yeux, puis, au toucher, en choisir un dans le plat sans écarter les autres qui ne perdent rien pour attendre, le pincer délicatement  entre pouce et majeur et le fourrer hardiment, dans son entièreté, dans le bec. Aussi simple que ça, fastoche, c'est largement faisable. Enfin, moi j'y arrive. C'est vrai que vu l'expérience, etc. Il y aura certes quelques dégâts collatéraux, quelques débordements, sur le nez et le menton, mais la pointe fine et gourmande de l'index réglera très vite ce problème. Puis, il faut le garder en bouche comme un grand millésime, laisser faire les papilles. Les laisser bosser ces extraordinaires bougresses de petites gredines de papilles.

Commencer enfin à déglutir sans hâte, sans voracité au bout d'un long moment. Pendant quelques minutes être à ce que l'on fait... Pleinement... Être avec le beignet. Véritablement. Déguster ce petit fragment d'éternité...

Comme l'amour, la gourmandise...

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et mourir de plaisir par fleur34


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