La nova qu’a découvert l’Australien John Seach, le 15 mars dernier, au sein de la constellation du Sagittaire est devenue visible à l’œil nu au cours du week-end du 21 mars. Pour l’observer, il faut cependant bien connaître sa position et se rendre en fin de nuit sur un site, de préférence, dénué de pollution lumineuse.
Une « nouvelle étoile » a été découverte le 15 mars 2015 par l’astronome australien John Seach. Ce « chasseur de nova » n’en est pas à son premier coup d’essai. On lui doit en effet d’avoir débusqué Nova Centauri 2013 qui, comme son nom l’indique, brillait au sein de la constellation australe du Centaure. En décembre 2013, l’astre était alors devenu temporairement visible à l’œil nu, aux côtés d’Alpha et Beta Centauri. Mais la dernière en date, qui put être observé sous nos latitudes sans instruments fut Nova Delphini. Au cours du mois d’août 2013, sa magnitude avait culminé à + 4.3. À présent, le nouveau cas recensé dans la constellation du Sagittaire, désigné Nova Sagittarii 2015 No. 2, affichait une magnitude de +4.4, le 21 mars. Sa luminosité aurait baissé pour atteindre une magnitude 5, selon les derniers témoignages. Quelques jours auparavant, sa magnitude 6 lui permettait d’être à la limite de la visibilité.
Il n’est pas besoin d’être un astronome amateur très expérimenté pour suivre l’évolution de cet astre. Si, muni d’une carte du ciel, vous avez bien étudié sa position relative aux étoiles du Sagittaire (voir carte), surnommé — de par sa forme — la théière, vous pourrez la rechercher dans une paire de jumelles et tenter ensuite de l’observer à l’œil nu. En cette période de l’année, cela n’est toutefois possible qu’en fin de nuit, une heure et demie environ avant le lever du Soleil, soit lorsque la constellation est suffisamment élevée (15°) au-dessus de l’horizon sud-est. Bien entendu, il est recommandé de bénéficier d’un ciel sombre, gêné au minimum par la pollution lumineuse. À cette occasion, vous pourrez aussi admirer la belle Saturne qui brille non loin d’Antarès, une belle supergéante rouge qui domine la constellation voisine du Scorpion (direction sud, sud-ouest à cette heure-là). Au foyer d’un instrument — les binoculaires peuvent suffire —, il vous sera impossible de manquer (et de vous émerveiller devant) la multitude d’étoiles massées dans cette direction qui est celle du bulbe de notre galaxie. De même, vous croiserez divers amas ouverts ou nébuleuses qui appartiennent au fameux catalogue de Messier, en particulier M69, M22, M28, M54, etc. D’ailleurs, ces temps-ci, les astronomes amateurs présents sur leurs terrains favoris depuis la tombée de la nuit, ne sont pas rares, car beaucoup tentent de relever le défi du « marathon de Messier », lequel invite tout à chacun à observer la totalité des objets du catalogue au cours d’une seule nuit.
Sur cette très belle photo prise le 21 mars dans l’Himalaya indien (mise en avant sur Apod), une flèche indique la position de Nova Sagittarii 2015 No. 2, située dans le Sagittaire, en direction du centre galactique. Même si la luminosité décroit au fil des jours, il est encore possible de l’observer dans une paire de jumelles
Pas vraiment une « étoile nouvelle » apparue soudainement dans le firmament, la nova est à l’origine, rappelons-le, un système binaire qui existe depuis plusieurs centaines de millions d’années. Cependant leurs distances et magnitudes habituelles (vraisemblablement +15), ne nous permettaient pas jusqu’alors de les distinguer à l’œil nu. Il a fallu pour cela attendre que se produise une puissante explosion à la surface de la naine blanche qui, avec l’étoile qu’elle vampirise, compose la paire. Petite mais très dense, la première s’est donc progressivement enveloppée de gaz qu’elle a arraché à son compagnon tout proche. L’hydrogène et l’hélium volés à la géante rouge sont comprimés contre la surface brulante (plus de 80.000 °C) de l’astre plus petit et très massif. Quand survient l’explosion, l’étoile peut alors briller 50.000 à 100.000 fois plus que d’ordinaire si bien que son éclat devient manifeste pour tout observateur situé à des centaines ou des milliers d’années-lumière de là.
Peu après la découverte de Nova Sagittarii 2015 No. 2, des astronomes ont mesuré que les débris se dispersaient à environ 2.800 km/s. Ceux-ci sont à présent deux fois moins rapides. Tous ceux qui suivent son évolution ont pu constater par ailleurs que sa couleur a progressivement changé, passant du jaune pâle à l’orange et bientôt au rouge à mesure que le nuage qui l’enrobe et s’étend se refroidit.