Cette école qui va de mal en pis. En dépit des changements de régime, des promesses miroitées, elle va mal, sinon très mal, l'école ivoirienne. On a beau peinturlurer les murs, retaper les salles, offrir du matériel de pointe, elle patauge dans son cauchemar, engluée dans du sable mouvant.
Comment peinturlurer les cerveaux, le cœur, les mentalités ? Ce serait peut-être là la solution.
Hier, la télévision nationale a retransmis les images de la visite de Madame le Ministre de l'Education Nationale à la famille éplorée d'un gamin poignardé durant un mouvement de grève. Oui ! poignardé parce qu'il aurait refusé de suivre le mouvement.
Et Vlan ! retour en plein cœur du bourbier, dans les années 90 et bien après, lorsqu'à pas assurés, la violence a tissé son nid hideux au sein de l'école ivoirienne. Coups de sifflets intempestifs, bruits de bottes et bruits de matraques, expéditions punitives dans les résidences universitaires, scènes de chaos, usage de balles réelles pour le plus grand désarroi des familles. Et presque toujours au bout du compte, un tué, des blessés, des traumatisés à vie.
Quel type de gangrène est-ce pour qu'on bute à appliquer une thérapie ? La liberté syndicale induit-elle une tyrannie moyenâgeuse ? Que font des élèves armes blanches au poing dans l'enceinte d'établissements ? Le mouvement de grève cacherait-il un règlement de compte entre gangs d'adolescents ? Loin de vouloir salir la mémoire de l'adolescent (RIP pauvre gosse), il convient toutefois de s'interroger sur l'anormal.
Le reporter établit un lien entre la grève des enseignants et les événements. Possible ! Mais pourquoi diantre l'Etat ne prend-il pas à bras le corps, une bonne fois pour toutes, les revendications des enseignants ? Pourquoi s'échiner à coller du sparadrap sur une jambe de bois, pour paraphraser quelqu'un ?
L'école ivoirienne se meurt. Le niveau des apprenants est de plus en plus catastrophique. Les longues années de crise ont probablement envenimé les choses. Toutefois, il n'existe pas dans ces cas-là, d'équations insolubles, autrement ce serait gravement injurier notre intellect et notre humanité.
Notre défaut, c'est que par héritage culturel sans doute, nous avons tendance à banaliser les thématiques relatives à l'enfant, à la jeunesse, puisqu'une certaine sagesse voudrait qu'en Afrique, les aînés aient toujours raison.
Toutefois, il y a encore eu mort d'homme, et cela est une mort de trop. Il est louable de soulager la douleur des familles en termes de contributions financières, mais parfois cela peut paraître injurieux. L'argent ne remplacera jamais la vie humaine. Autant l'utiliser pour régler correctement les défis qui s'imposent à nous. Et surtout Vive l'Ecole Ivoirienne !
Félicité Annick Foungbé Zimo, Ecrivain et Analyste