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Hallucination de mode

Par Gentlemanw
Hallucination de mode

Pourtant ce café avait l'air normal, sobrement noir, un peu serré, un expresso comme les autres matins, mais je devais avoir de la brume denuit encore en moi. Une pleine lune, une transition entre deux cycles, le mien aussi en bonus, trop compliqué, trop oppressant pour ne pas dire douloureux, et puis ce froid qui revenait alors que je croyais déjà au printemps.

Un rapide coup d'oeil sur le calendrier, car en bossant depuis chez soi, on perd parfois la notion du temps, de l'espace même en restant toujours ici, entre mes murs. Mais pour moi, pour mon job entre deux continents, avec des horaires variables, des discussions et des emails nombreux, je suis bien chez moi. Un salon pour les amis, une chambre pour moi, une autre chambre pour les copines de passage, et parfois pour moi, pour mes plaisirs charnels, une cuisine, une salle de bain géante avec douche et baignoire, vue sur les toits de Paris, un bureau trop petit, mais mon cocon.

Ma tasse de café, je la savour en bas de chez moi, mes courses matinales, mon bol d'air frais en toute saison, pour acheter des fruits, des légumes, un peu de viandes, des croissants, du pain chaud, quelques chocolats, mon pêché minon pour ne pas me sentir seule face à mes écrans. Je suis bien dans ce programme hebdomadaire, dans ma vie.

Sauf cette nuit !

Hallucination de mode
Hallucination de mode
Hallucination de mode

Une glissade dans la mode, un plaisir, rare car la foule ne m'excite pas trop, je préfère flâner entre copines, rarement certes, de boutique et boutique. un rêve tranquille, je me voyais en tenues de toutes les couelurs, du rose bonbon, un tutu, une folie, une jupe plissée, un bandeau, des jeans déchirés, une vraie folie car j'ai horreur de ce gâchis si tendance, si moche. D'autres robes, d'autres bottes, des escarpins, je tournais les yeux et hop, j'étais dans la vitrine.

Puis cette angoisse, un noeud en moi, un doute, une perte de repères, comme saoule. Mes jambes se sont effondrées, mes genoux devenaient mous, j'ai glissé le lon du mannequin entre la robe et la vitre. Là, répandue comme une molle réflexion de mon image sur le miroir de Dali. Le temps passait lui aussi, mollement, la mode défilait et moi, je devenais enocre plus liquide.

Froide, angoissée, hyper-tenude, je me suis réveillée, éffondrée en moi-même, prise par la réalité impossible d'un rêve tout aussi délirant qu'irrationnel. Mais mon corps s'était mis en alerte, dans le rouge, en pleine implosion. Des sueurs, un coup de froid, un coup de chaud, j'avais trempé le lit, mes draps, je ruisselais de cet espace inconscient. Malgré la lumière, je ne pouvais plus bouger, enfin si, je tremblais de tout mon corps. Dans un effort douloureux, j'ai pu me lever, me prendre une douche chaude, me sécher, changer le lit. Puis je me suis enveloppée de douceur, de soie et de laine douce, d'une couette cocon, j'ai ouvert les yeux, cherchant un vrai repère, un phare dans cette nuit noire. J'ai serré fort mon oreiller, et j'ai tenté de dormir à nouveau. Mon corps encore oppressé tanguait dans des douleurs féminines et intérieures, je n'étais pas bien. Pourquoi tant de mal, dans une vie où je gère mon bien-être avec simplicité.

Rien, sauf cette angoisse noire née d'un tourbillon de mode joyeux, complexe jeu de mes neurones, je ne sais pas, mais le café a un goût différent.

Et si je sortais aujourd'hui ?

Nylonement


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