La ville de Saint-Quentin se veut une référence, dans le domaine de l’entrepreneuriat, en matière de techniques d’avant-garde, robotique et numérique y ont toute leur place. Le chef-lieu de canton de l’Aisne, qui a montré l’ampleur de son développement économique par diverses apparitions à INNOROBO et en proposant un pavillon à Robotworld cette année à Séoul, a donc organisé le salon L’An 1 de la robonumérique. Il s’est tenu le mardi 25 novembre 2014, au palais de Fervaques…
Rendez-vous y avait été pris avec un certain nombre de professionnels, des entités économiques en devenir, des écoles et des centres de formation de l’agglomération. Planète Robotsrevient sur cet événement après avoir été reçu par M. Xavier Bertrand, maire de Saint-Quentin, député et président de la Communauté d'agglomération de Saint-Quentin , un maire iOS et Android, comme il aime à le dire, iOS pour la praticité des applis et Android pour son côté geek, cf. sa montre Galaxy Gear 2 Lite,…
Planète Robots : M. Bertrand, merci de nous accueillir devant un verre d’eau gazeuse. Qu’avez-vous retenu des rencontres de ce matin avec les professionnels du secteur ?Xavier Bertrand : Cette édition de L’An 1 apporte son lot de satisfactions — comme par exemple le positionnement de notre agglomération. Elle conforte notre intuition que la robotique et le numérique sont des vecteurs d’avenir et surtout qu’il est important de compléter les programmes d’actions en cours et à venir. Apporter les éléments techniques indispensables à la bonne marche des zones d’activités comme celle de la fibre se révèle déterminant ; il ne faut pas dire « il faudrait la fibre et attendre le bon vouloir des opérateurs » mais au contraire activer les discussions parfois viriles avec eux pour accélérer les choses. Et puis les entreprises et les jeunes sont demandeurs de formations maintenant et non après-demain : ç’a été le leitmotiv de ces rencontres matinales avec les exposants. Ils ont bien compris nos intentions et notre vif intérêt pour le développement de la formation dans ces domaines. Valoriser cette dernière auprès des jeunes et des entreprises est indispensable pour l’avenir, par un travail de fond que nous menons et que nous continuerons par l’accompagnement des sociétés de notre région. Nous avons des solutions, c’est donc aux entrepreneurs de nous faire confiance dans la durée… En effet, la formation est le leitmotiv de tout entrepreneur. À nous, les pouvoirs publics, de lui garantir un niveau d’excellence.
P.R :Quelle suite donner àL’An 1 ?X.B : Déjà, préparer L’An 2, participer de nouveau à des événements incontournables comme INNOROBO et à d’autres salons internationaux. Générer un cluster de compétences, travailler avec les financeurs et proposer aux entreprises hors territoire des solutions avec nos centres et nos organismes de formations spécialisés pour qu’un jour, les étudiants, de futurs entrepreneurs qui bénéficieront d’un débouché professionnel, aient envie de créer leur start-up dans l’Aisne parce que nous aurons su les former. Et vous, les entrepreneurs, si vous souhaitez créer une nouvelle entité, vous penserez à nous. Je crée les conditions et l’écosystème, c’est à vous de décider. Comme vous le savez, ce ne sont pas les politiques qui créent l’emploi mais les chefs d’entreprise…
FENDT POSTE DE PILOTAGE DE TRACTEUR
RB3D EXOSQUELETTE
P.R. : Au sujet du travail, fort de votre expérience de ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, que répondez-vous à ceux qui pensent que la robotique est un fossoyeur des emplois en France ? X.B. : Je pense qu’on a dû dire la même chose quand les maréchaux-ferrants ont disparu. L’automobile a remplacé la traction hippomobile et il faut rester très pragmatique. Les questions sociétales doivent être posées… Est-ce que la robotique et la robonumérique vont s’imposer dans notre société ? Évidemment, oui ! Donc, soit on critique et les technologies connectées et des robots étrangers vont s’imposer en France parce que les constructeurs français s’y forceront pour essayer de rester compétitifs, mais souvent avec du retard. Nous ne créerons alors aucun emploi, aucune plus-value du fait de ce retard accumulé. Soit on observe l’évolution à court terme et on passe à l’offensive. Le fait d’avoir une filière robonumérique en France devient alors un atout extrêmement efficace et rentable. Si c’est bien pensé en France ou bien fabriqué en France, ça m’intéresse ! Comme FANUC, une entreprise étrangère qui fabrique aussi en France grâce à la qualité de notre savoir-faire. En conclusion, les investisseurs doivent passer à l’offensive, sinon les robots étrangers vont s’imposer !
ROBOT DESSINATEUR ABB
Derrière chaque robot industriel — ces chiffres ne sont pas les miens —, il existe deux ou trois emplois… Pensons donc la filière maintenant plutôt qu’elle ne nous soit imposée. Et croyez-moi, quand je vais dans les usines et je vois qu’aucune des machines-outils n’est française, comme dirait l’autre, j’ai les boules… J’aimerais bien ne pas avoir ce même sentiment dans dix ou vingt ans alors que nous avons eu la possibilité de saisir cette opportunité. Je reste persuadé que la logique numérique, les objets connectés, la robonumérique et le cloud robotique doivent hisser la France sur le podium des créateurs du secteur si l’on crée un écosystème au niveau national. Et si on ne pense pas à le créer, nos entreprises ne pourront pas s’équiper de robots français et nous allons à notre perte. Le seul but consiste à créer de l’emploi. Pas pour avoir la médaille de la meilleure région d’avenir mais bien pour générer de l’emploi et de la valeur au travail. Il y a le robot et tout ce qui l’entoure… Un robot ne se programme pas seul, il ne s’intègre pas tout seul dans un environnement, il ne s’entretient pas seul et donc, on en revient une fois de plus à la filière de la formation… C’est un rendez-vous qu’on n’a pas le droit de manquer ou alors on s’autoprogramme pour avoir un taux de chômage absolument ahurissant en France. Je ne sais pas vraiment si je suis un vrai ou un faux geek— mais ce que je sais, c’est que tout cela va prendre une place prépondérante dans notre avenir. Il faut bien comprendre que c’est un outil, que l’hexagone a les moyens d’être un acteur de premier ordre et que notre pays est le seul maître de son bel avenir de créateur d’emplois si nous ne loupons pas ce virage…
P.R : Certains secteurs, aujourd’hui, retiennent davantage l’attention des investisseurs que d’autres… C’est le cas du secteur médical !X.B. : Oui, il est certain que nous devons accélérer la focalisation sur le domaine médical. Une personne handicapée en fauteuil m’a interpellé pour savoir si nous avions des exosquelettes à lui montrer. Ce qui prouve que la population s’informe énormément et que nous nous devons d’y faire attention…
BERTRAND BUSSON SHAPELIZE
WISHAPE EX SHAPELIZE
P.R. : Nous parlions du cloud computing… Croyez-vous au partage des connaissances dans le cas d’un regroupement de plusieurs entités économiques ?X.B : Oui, bien entendu — beaucoup ! Ce qui laisse présager d’autres compétences comme la sécurisation des données et la prévention des risques ; il faut donc penser de façon éthique ce que sera l’avenir de la robotique. Je pense qu’il faut que ce soit l’humain qui maîtrise et qui décide et qu’on ne se fasse pas imposer le futur à cause de certains garde-fous et d’improbables lignes rouges encadrant ce secteur prometteur.
P.R. : Quel est le robot qui vous a le plus impressionné ?X.B. : ASIMO — c’est sûr !
ASIMO LE ROBOT A 11 ANS
À la fin de l’entretien, nous échangeâmes quelques mots à bâtons rompus sur des échéances bien plus lointaines — comme la nuance qui existe entre l’homme amélioré et l’homme augmenté, la fin de l’asservissement des hommes aux machines, les sélections naturelles et le bien-être… En effet, ce secteur en pleine croissance doit promouvoir notre avenir et non nous précipiter dans le tombeau. C’est notre histoire… Et Bruno Bonnell, le président de Syrobo, nous rejoignit pour proposer à Xavier Bertrand de se rendre virtuellement au Salon des Maires et des Collectivités locales (à Paris) via un Beam. « Oui, bien entendu… Mais de toute façon, j’y vais demain », répondit l’élu.
Stéphane Bonnard-Cantegreil