Que leur vie eût été infime ou grandiose, peu importe, elle aurait été et on n'avait pas le droit de la leur prendre.
Présentation
1934. Malgré l’hostilité de ses parents, Bérénice, 15 ans, est admise au Conservatoire, dans la classe de Louis Jouvet. Sa vie est désormais rythmée par l'apprentissage des grands rôles du répertoire et par ses rencontres avec des acteurs de renom... Trois ans plus tard, elle entre à la Comédie-Française et prend le nom de Bérénice de Lignières. Rien ne peut entacher son bonheur, ni la montée du fascisme en Europe, ni les rivalités professionnelles ou amoureuses. Mais au tout début de l’Occupation, avant même la promulgation des lois raciales, la maison de Molière exclut les Juifs de sa troupe. Dénoncée par une lettre anonyme, Bérénice – son père est né dans un shtetl russe – est rattrapée par son passé. Sous les ors et velours de la Comédie-Française va se jouer un drame inédit, celui d'une actrice célèbre, prise au piège d'une impitoyable réalité. Un premier roman maîtrisé et captivant, lauréat de nombreux prix.
Je ne veux pas vivre et surtout voir grandir les enfants comme Guy dans un monde nazi, dans ce monde antisémite, xénophobe, cruel, injuste, je ne sais pas en quoi je peux contribuer à votre action, je n'ai jamais rien fait d'autre dans ma vie que jouer la comédie, certains déjà à l'époque trouvaient cela dérisoire, moi jamais, et je ne le crois toujours pas. Sans doute si j'avais pu continuer à jouer aujourd'hui, sûrement même, je serais encore sur le scène de la Comédie-Française ou sur d'autres planches, certainement je n'aurais pas emprunté ce chemin-là, mais on a décidé pour moi. J'ai servi le théâtre, alors aujourd'hui que je ne peux plus, je voudrais servir la liberté.
Avis
Bérénice, cette enfant tant attendu par Maurice Capel immigré juif, est fasciné dès son plus jeune âge par le théâtre et cette passion demeure en elle malgré la désapprobation de ses parents, elle veut être comédienne mais surtout entrer au Conservatoire, alors elle apprend tous les textes qu’elle peut se procurer, connaît tous les mouvements de personnel de la Comédie Française.
C’est en 1934 que Bérénice réussit le concours d’entrée, inscrite avec l’accord de son père espérant qu’elle échouera sa surprise est d’autant plus énorme lorsqu’il apprend que non seulement elle a réussi mais qu’en plus son talent a fait toute la différence, elle est arrivée première.
Au matin du premier jour de cours et contre la volonté de son père Bérénice quitte son foyer et part réaliser son rêve, son père la renie ; elle se retrouve sans famille mais avec la possibilité de monter sur les planches.
Une carrière magnifique commence pour elle et grâce à Mme de Lignières qui la prendra sous son aile, lui offrant un toit et un petit revenu en attendant de pouvoir gagner sa vie elle-même. C’est le bonheur, on lui offre de beaux rôles et brille dans des costumes extraordinaires et rencontre l’amour mais à partir de 1939 les choses se gâtent, elle qui ne connaît que très peu ses origines, son statut de juif va lui sauter au visage. L’Histoire que l’on connait si bien est en marche et n’épargnera personne.
Ce beau roman qui parle de l’amour du théâtre, de la période trouble de l’occupation et de ses lois raciales, nous permet de rencontrer les grands noms du théâtre français et nous ébloui avec le velours rouge de la Comédie française, à côté de la beauté des lieux il y a le chagrin des exclusions, de vies brisées, l’amour perdu et la résistance.
J’ai adoré ce roman, de part cette époque de l’occupation qui me fascine et qui est ici abordé de façon originale en montrant son impact sur les artistes, mais surtout par ce destin extraordinaire et dramatique, cette femme courageuse et qui se bat pour ses rêves, tiraillée entre l’amour d’un homme et l’amour pour la scène malgré les dangers qui la guettent.
Une belle découverte que je recommande pour les fans de roman historique et ceux de la vie théâtrale.