À tous ceux qui se cachent derrière leur écran

Publié le 24 mars 2015 par Lamallette @Lamallette1

À tous ceux qui se cachent derrière leur écran

Des bonnes, des mauvaises nouvelles, la plupart inutiles, rares pertinentes. Une chose me fait frémir à tout coup. Les gens sont méchants. Irréfléchis. Les nouvelles défilent, sans relâche. On vit dans un contexte qui bouillonne d’instantanéité. Pour approvisionner ce flot incessant de nouvelles qui nourrit nos téléphones et téléviseurs, à tout moment de la journée, les médias doivent publier plus de nouvelles, parfois au détriment de la qualité et de l’exactitude du contenu. Ces outils peuvent s’avérer bénéfiques, j’en conviens, selon le contexte. Par contre, ils sont fréquemment mal utilisés et entrainent des débats vides de sens, au cours desquels les points de vue des internautes ne cheminent pas. On s’attaque à coup de points d’exclamations et d’insultes ingrates. Avez-vous réfléchi? Pour plusieurs, visiblement pas. Le Bescherelle aurait pu être à la rescousse des phrases décousues. Comment réagiriez-vous si la personne dont vous parlez de façon si odieuse lisait vos propos? Et si vous la croisiez dans la rue, cette même personne que vous venez de détruire momentanément? Auriez-vous l’audace de lui partager vos commentaires? Permettez-moi d’en douter.

Notre société québécoise qui s’acharne à militer contre l’intimidation. Cette même société qui oublie tous ces beaux principes quand on en vient aux médias sociaux. Ceux-ci vous permettent de vous exprimer librement. Momentanément, vous êtes en colère et vous la déversez dans un commentaire qui se mêlera aux milliers d’autres. Comme au temps du confessionnal cet isoloir clos, qui permettait les confidences. De toute façon, le fil d’actualité se renouvèle instantanément. Vous avez l’impression que vos commentaires se perdront dans la masse. On y oublie les règles du savoir-vivre. On prend part à des histoires dont on n’est pas témoin, et on réagit comme si on y avait assisté des premières loges. Et tout le monde croit détenir la vérité absolue, et les points de vue s’empilent. Les fabulations d’un tel deviennent rapidement la vérité d’un autre. On profite de l’anonymat pour s’exprimer de façon radicale et crue, comme on n’aurait jamais osé faire en paroles, debout, face à la situation ou la personne en question.

Les réseaux sociaux nous font sentir forts, puisqu’on y présente la meilleure version de nous-mêmes. On y publie rarement nos échecs, mais on se fait un grand plaisir d’y afficher notre nouvelle maison spacieuse ou notre dernier voyage en Floride. Les chicanes incessantes avec notre conjoint et les problèmes de drogues de notre adolescent passeront sous silence. Notre photo de profil parfaite cachera à merveille notre vrai visage cerné du matin, cheveux dressés dans les airs. Et elle nous donnera la fausse confiance pour écrire des commentaires irrévérencieux.

Il suffit d’y réfléchir quelques instants : si on écrivait un livre avec tout ce que vous avez rédigé sur les médias sociaux, en seriez-vous fier? Êtes-vous un bel exemple de personne qui contribue à enrayer l’intimidation, la cyberintimidation qu’on tente d’enseigner à nos jeunes depuis tant d’années?