"Féroce" de Jean-François CHABAS et illustré par David SALA est un bel objet aux rabats immenses, aux reflets gaufrés et aux magnifiques illustrations.
"Quand Fenris naquit, il n'était, comme tous les louveteaux, qu'une petite boule de poils gluante, que sa mère lécha afin de la nettoyer. Mais dès qu'il écarquilla les yeux et ouvrit la bouche pour bâiller, il eut l'air tout à fait sanguinaire, épouvantable et cruel. C'était certes une qualité indéniable pour un loup, mais point trop n'en faut: ses frères eux-même furent effrayés."
Fenris grandit mais toujours avec sa gueule si impressionnante qu'il fait peur. A force d'effrayer sans rien faire, à force d'être seul, il le devient, c'est si simple. Féroce dans cette forêt. Féroce au point d'être annoncé partout où il passe. "Plus il était redouté, plus sa cruauté augmentait ; la solitude aggravant les choses, le loup rouge devint légendaire. Il était désormais Fenris le Féroce. Celui qui faisait se coucher les fleurs, et ployer les herbes des champs."
Mais qu'est-ce donc? Une fillette perdue? Que fait-elle là toute seule dans la forêt? Elle ne sait pas encore à qui elle a affaire. Il va lui montrer. Elle sera gober toute crue ou au mieux déguerpira devant tant de férocité.
"On ne l'avait pas touché depuis des années.
- Ah ! on est timide ! dit la petite fille. On s'effarouche facilement ! Remarquez que je ne vous jette pas la pierre. Il m'a souvent été répété, à moi-même, de ne pas adresser la parole aux étrangers. Vous avez des parents autoritaires ?"
Ce loup mis de côté, réduit à son apparence, à qui on ne laisse aucune chance, devient lui-même ce que l'on attend de lui. Dans cet album, c'est le devenir de chacun qui est en jeu, le choix d'être ce que nous souhaitons.Il y a aussi cette référence au chaperon rouge... face, cette fois, au loup rouge. Un loup qui fait peur ou une enfant qui fait peur.C'est une histoire d'amitié, de partage, de choix de vie.