Plafond de verre.
Dimanche dernier 22 mars, un électeur sur quatre a voté pour le Front National aux élections départementales, prolongeant ainsi le séisme politique ressenti lors des dernières élections européennes de 2014.Sans ignorer les limites de ce parti, il convient surtout de chercher à comprendre les raisons de ce score élevé en écoutant notamment les motivations de ses électeurs et en faisant en sorte qu’aucun débat ne soit tabou…
Malgré certaines manipulations des chiffres, notamment en début de soirée électorale, tant par les chaînes d’information continue que par le Ministère de l’intérieur, Il faut bien reconnaître que le FN confirme sa première place de parti politique. Il dépasse le plafond de 24,95 % atteint lors des dernières élections européennes en obtenant 25,24 % des voix malgré une présence pas tout à fait complète sur le terrain (93% des cantons). La coalition UMP et l’UDI obtient 28,75 %, le PS et ses alliés 21,68 %.
Certes, la participation n’a été que de 50,17%, ce qui relativise un peu le score du FN qui a réuni néanmoins 5.141.897 voix, soit plus qu’à la dernière élection européenne de 2014 (4 711 339 voix).
Cette nouvelle colère sortie des urnes a été plus forte chez les classes sociales les plus touchées par les politiques d’austérité, notamment les jeunes et les ouvriers. Le résultat du FN dans certains anciens bastions ouvriers de la gauche, notamment le Nord, est à cet égard significatif.
La progression du FN semble directement corrélée au degré de souffrance à l’égard de la mondialisation libérale et aux questions liées au contrôle des flux migratoires dans un pays comprenant déjà 5,2 millions de chômeurs toutes catégories confondues et 8,6 millions de personnes pauvres (60 % du niveau de vie médian, c'est-à-dire moins de 993 euros mensuels pour une personne seule).
Les politiques d’austérité menées depuis 30 ans, tantôt par le PS et ses alliés, tantôt par l’UMP et le Centre, provoquent envolée du chômage et paupérisation croissante des salariés et des retraités. C'est de plus en plus une impasse au nom de la raison européenne.
Déjà en 1983, François Mitterrand et Jacques Delors avaient choisi l’orthodoxie budgétaire et supprimé l’échelle mobile des salaires qui protégeait jusqu’alors le pouvoir d’achat des salariés et des retraités.
Au début des années 90, la France a fait le choix détestable de taux d’intérêt élevés, comme l’Allemagne qui affrontait un léger regain d’inflation du fait de sa réunification, et envoyé au moins un million de personnes au chômage pour défendre le franc fort.
En 2008, le PS et l’UMP ont ignoré et trahi le «Non» du peuple français au traité constitutionnel européen de 2005 en ratifiant le traité de Lisbonne.
Aujourd’hui, les choix politiques de François Hollande ne sont que les descendants directs de ceux des décennies précédentes. D’un côté, des réformes sociétales avant tout, le Président venant encore d’évoquer récemment les modalités de fin de vie des personnes âgées ou le vote des étrangers aux élections locales, et de l’autre l’absence de vraies réformes économiques et sociales, voire le vote de « réformes » que la droite n’avait pas osé faire jusqu’alors !
Face aux résultats désastreux de ces politiques d’austérité, il semble logique que les Français cherchent à exprimer leur colère par leur vote, et ce même lors d’élections locales.
La question qui se pose alors, c’est de savoir si ce nouveau plafond de 25,24 % sera à nouveau dépassé par le FN lors des prochaines élections régionales prévues pour la fin de l’année 2015 et ouvrant ainsi la route à un succès possible de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2017.
S’il est plus que probable que la majorité des électeurs du FN attendent maintenant ces deux échéances électorales, plusieurs sondages récents indiquent cependant que la crédibilité du FN n’est pas si grande pour une organisation politique qui existe depuis plus de 40 ans.
Mais si l’on considère que la situation ne va pas vraiment s’arranger dans les deux années qui viennent, ce qui est malheureusement une hypothèse hautement crédible, alors de nouvelles révoltes électorales contre les partis dominants n’est pas à exclure...
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