Journée spéciale "Quais du Polar", à trois jours de l'inauguration de ce festival clé dont on parle de + en sur Lyon je trouve... Voici donc la première de nos deux chroniques sur des livres très différents d'auteurs invités le week end prochain sur Lyon, prouvant l'éclectisme de cette manifestation et de la littérature dite "noire":
Quatrième de couverture :
Lima, années 80. Alors que l’Etat et la guérilla du Sentier Lumineux se livrent une guerre sans merci, Elsa, une jeune militante communiste, est soumise aux viols et à la torture des militaires. Parmi eux, Bioy, jeune caporal tétanisé par ce déchaînement de violence.
Lima, années 2000. Bioy est désormais à la tête d’un des gangs les plus violents de la ville, au service des cartels de la drogue et du crime organisé. Ses anciens collègues de l’armée sont en prison ou en fuite aux États-Unis.
Vingt ans se sont écoulés qui ont plongé le Pérou dans l’abîme, et c’est le récit de cette chute que ce roman nous livre à travers les destins croisés de Bioy, d’Elsa, d’un flic infiltré et d’un étrange garçon assoiffé de vengeance.
Intrigue tentaculaire, récit à la chronologie chaotique qui mêle le passé au présent et emprunte à des formes aussi diverses que l’écriture cinématographique ou le blog, Bioy forme un puzzle romanesque qui déploie toutes les facettes de la violence, de l’horreur et la déchéance humaine et tente sans relâche de répondre à cette question : l’idée même de rédemption a-t-elle encore un sens ?
En plaçant la violence et la question de la banalisation du mal au cœur de son livre, Trelles Paz s’affirme comme l’une des voix latino-américaine les plus prometteuses du roman noir.
Ce que j’en pense :
Je l'ai dit mardi dernier avec mon premier billet de présentation du Festival : la littérature sud américaine sera à l’honneur pendant les 3 jours du festival "Quais du Polar" qui commence ce vendredi, et c’est donc l’occasion de se familiariser avec des auteursque je connais mal, notamment la littérature péruvienne.
Et si je connais mal la littérature péruvienne, que dire de l’histoire du Pérou que j’ai appréhendé à travers ce Bioy de Diego Trelles Paz , un romancier d’une quarantaine d’année qui revient avec ce premier roman traduit en français sur les pages les plus sombres de l’histoire de ce petit pays d’Amérique du Sud avec une guerre civile qui a ravagé le pays dans les années quatre-vingt, pleine de tortures et de massacres en toute impunité
Le livre ne se contente pas de revisiter ce passé, puisqu’il prolongea cette tragédie sanglante jusqu’au début du 21e siècle et en montrant les conséquences de cette terrible page que d’aucuns ont pensé à jamais tournée.
Un roman très noir (pas vraiment un polar d’ailleurs), finaliste du prestigieux prix Rómulo Gallegos en 2013, un peu coup de poing à l'estomac, tant il est très violent.
Il faut dire qu'il nous met parfois mal à l’aise et nous perd parfois dans une intrigue complexe à base de vengeance (la chronologie est complètement dispersée, il n’est pas évident de recoller les morceaux du puzzle) mais parvient tout de même à éclairer les occidentaux sur cette part méconnue de l’histoire sans verser dans le scolaire et le manichéisme. Salutaire et instructif !