Les lecteurs inconditionnels de Fred Vargas retrouveront dans ce roman l’ambiance parisienne du commissariat du XIIIème dirigé de façon plutôt informelle par Jean-Baptiste Adamsberg : le chat dénommé « La boule » qu’il faut monter au premier étage et attendre qu’il ait fini de manger avant de le redescendre, la sculpturale Violette Retancourt, la dégaine élégante du commandant Danglard et son addiction permanente pour le vin blanc et ses cinq enfants, tous ces personnages qui vont entrer exceptionnellement en conflit avec leur chef …
Car l’intrigue est pour le moins complexe. Un écheveau compact d’algues sèches entremêlées, comme les deux affaires qui, à part quelques détails, semblent complètement distinctes. D’abord une série de suicides suspects : une très vieille dame trouvée dans sa baignoire les veines tailladées mais complètement habillée, un patron de haras avec le fusil dans la bouche, un homme dégringolé dans l'escalier de sa cave avec deux bouteilles de vin dans les mains … les scènes de crime étant assorties d’un curieux signe en forme de H que personne – pas même le savant Danglard – ne parvient à déchiffrer. Et puis cette étrange association d’études des écrits de Robespierre, dont les membres revivent en costumes les séances de la Convention et les étapes de la Terreur.
On y trouve de terribles secrets de famille, des enfants abandonnés et retrouvés comme dans les feuilletons romantiques, des histoires de descendants, de revenants, de faux-semblants, d’incarnations morbides dans des héros historiques, de personnages éminents devenant sauvages criminels. C’est confus et un peu brouillon, la fin étant un peu « téléphonée », mais pas vraiment crédible. On y trouve une échappée dans le froid – ici un clin d’œil appuyé aux polars islandais et une allusion à un précédent opus – Sous les vents de Neptune – avec l’intervention attendue de Retancourt, en athlétique sauveur, comme toujours.
Donc, une impression de déjà-vu qui dérange un peu. Je me dis qu’il aura fallu à l’auteure quatre années pour écrire ce roman, et à moi moins de 48 heures pour le lire. On y apprend plein de choses historiques et anatomiques – mais j’en dis trop ... Bref, on continue à aimer le style, la fluidité de l’écriture, le côté exotique des situations, toujours à la limite du fantastique, mais cette fois sans véritablement jamais « entrer » dans le jeu. On reste spectateur, à l’extérieur ….Sans doute devrais-je reprendre le livre et le relire de la première à la dernière page ... Peut-être y reste-t-il une route que je n'ai pas explorée ?
Temps glaciaires, thriller de Fred Vargas, édité chez Flammarion, 490 p. 19,90€