Kendrick Lamar
To Pimp A Butterfly
(Universal)
Déboulant quelques mois après le fantastique Black Messiah de D’Angelo, le nouvel album de Kendrick Lamar, To Pimp A Butterfly s’inscrit dans la droite lignée de son ainé, pour s’imposer comme un des opus de black music les plus aboutis de ces dernières années. Album autant intimiste que militant, voir politique, concentré de jazz, soul, funk et hip hop, To Pimp A Butterfly s’éloigne des codes du rap underground pour proposer 16 titres exemplaires, qui doivent autant à la musicalité des Roots, Blackalicious, Prince, Common… qu’aux textes acérés de 2Pac. Si les puristes du rap hardcore ne se retrouveront pas forcément dans sa musique, les amoureux de groove sensuel et de flows vertigineux prendront certainement leur pied, appréciant la production certes lissée mais imparable, au service de textes percutants traitant de la violence, de l’argent et du racisme omniprésent aux States, malgré un président noir à la tête du pays, avec une acuité et une intransigeance racées. Pour parfaire cet opus majeur, Kendrick Lamar n’a pas hésité à ratisser large pour donner vie à son chef-d’oeuvre, faisant appel à des artistes tous horizons et tous âges confondus, de George Clinton en passant par Thundercat, Robert Glasper, Bilal, Anna Wise, Ambrose Akinmusire, Snoop Dog, Kamasi Washington, Flying Lotus, Ronal Isley, Rapsody… le tout pour un album aux allures de futur classique que l’on n’a pas fini d’écouter. VITAL.
Roland Torres