Stock (2014)
C’est Denis Westhoff qui a demandé à Anne Berest d’écrire sur sa mère, Françoise Sagan. Elle abandonne alors provisoirement le roman qu’elle préparait et commence à travailler sur le charmant petit monstre, comme François Mauriac surnomma Françoise Sagan, à l’occasion de la sortie de son premier roman, Bonjour tristesse.
Anne Berest choisit de s’intéresser à cette année 1954 qui voit paraitre la première œuvre de Sagan. Elle plonge dans les biographies, dans les livres de Sagan, s’imprègne des reportages de l’époque, des articles parus dans les journaux, rencontre les amis et les connaissances de Françoise Sagan. A partir de toutes ces informations, elle reconstitue la vie de Françoise, la réinvente, l’utilise pour elle-même alors qu’elle traverse une période difficile suite à une rupture amoureuse. Alors qu’elle est très différente de son sujet, elle s’approprie quelques facettes de l’auteur et s’autorise des fantaisies, s’essayant à l’insouciance, la légèreté, l’envie de profiter de la vie.
Je me suis régalée de cette lecture, savourant avec plaisir cette évocation de Françoise Sagan et de cette année 54. Anne Berest le signale à plusieurs reprises, le simple fait d’entendre le nom de Françoise Sagan amène le sourire sur le visage de ses interlocuteurs. Et c’est vrai qu’elle a ce pouvoir, cette petite femme vive et sensible, légère en apparence, émouvante et lucide au fond sur l’inutilité de l’existence.
D’Anne Berest, j’avais lu le premier roman, La fille de son père, dont j’avais bien aimé le sujet, même si j’y avais regretté quelques maladresses. Ici, je trouve qu’elle a parfaitement maitrisé son sujet, elle donne envie de se replonger dans l’œuvre de Sagan, ce qui pour moi, est la meilleure récompense que l’on puisse obtenir lorsqu’on parle d’un écrivain. Une jolie réussite.