Lecture proposée par les éditions Actes Sud
L’avis d’Emmanuel
Le cycle qui fait progresser son lecteur…On tarde parfois à se rendre compte de certaines évidences. Je me suis en effet souvent demandé comment je pouvais garder une impression aussi favorable de certains cycles ou séries littéraires sur lesquels je me souviens avoir passablement peiné.
Si Silo ne m’aura définitivement pas transporté (autant ne pas faire durer plus longtemps le suspens), sa morne banalité m’aura fait beaucoup penser sur mon expérience de lecture, me permettant d’en analyser certains ressorts. Tel celui qui, après ma critique fort négative de Silo : Origines, me fera conclure celle-ci de manière seulement mitigée, comme je le fis pour Silo, tome premier. Car Silo, de par son manque d’éclat même m'a rendu quasi palpable la difficulté qu’il y a pour un auteur à maintenir l’intérêt de son lecteur dans un cycle de littérature de l’imaginaire entre l’exposé de son univers et l’issue de son récit.
Ainsi, si les qualités de plume et narratives de Hugh Howey sont restées les mêmes tout au long de la série, le cadre crédible, à défaut d’être vraiment original, qu’il y présentait avait suffi à atténuer ma négativité. Force est de constater qu’en posant l’autre borne de son récit, celle qui marque le terme de « l’épopée », il a réussi à me rendre la lecture des 400 pages de ce dernier tome acceptable.
… mais pas son auteur.Pas d’emballement toutefois. Dans la droite ligne du précédent tome, Silo : Générations souffre d’un invraisemblable problème de structuration. Car les petites histoires difficilement ouvertes dans Origines sont encore une fois menées en parallèle, et étirées jusqu’à… vingt pages de la conclusion. Dénouement qui tient principalement en un épilogue de 5 pages on ne peut plus ouvert et consensuel (genre, sans spoiler : le monde est à nous, plein de son infinité de possibilités). D’où un petit goût de « tout ça pour ça » pour l’amateur de SF qui s’est avalé les 1200 + pages du cycle.
En effet, Howey ne parvient à aucun moment à se détacher de ses personnages au charisme inégal (de Donald, qui restera pour moi, malgré son sursaut de courage final, l’incarnation du non-personnage, jusqu’à Juliette qui est une meneuse acceptable, en passant par Charlotte, Solo/Jimmy et les gosses, sympas mais sans beaucoup d’épaisseur), s’évertuant à raconter leurs petites aventures au lieu de se concentrer sur le destin de l’univers qu’il n’a pas réussi à rendre vraiment consistant. Quels étaient les véritables objectifs des créateurs du projet Silo ? Quel devenir pour les autres Silos ? Quelle organisation pour la société nouvelle ? Quel héritage des siècles passés enfermés dans les Silos ?...
A lire ou pas ?Au final, les péripéties et rebondissements sont là. Les explosions, les retournements de situation, et les drames personnels ne manquent pas non plus. Mais les destins individuels s’étirent sans flamboyance jusqu’à une issue concrète qui clôt pour les protagonistes autant que pour les lecteurs l’aventure Silo. Il est évidemment indispensable que ceux qui ont eu le courage de lire dans leur totalité les deux précédents tomes persévèrent avec celui-ci, qui n’est pas le plus mauvais. Je m’inscris en revanche en faux vis-à-vis de l’idée lue sur plusieurs autres blogs que la série des Silo doit être lue ne serait-ce que pour arriver à ce tome 3. Car pour moi, pas plus que les précédents, il ne justifie le battage qui a été fait autour de Silo.