Titre original : Exists
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Eduardo Sanchez
Distribution : Dora Madison Burge, Samuel Davis, Roger Edwards, Chris Osborn, Jeff Schwan, Brian Steele…
Genre : Horreur/Épouvante
Date de sortie : 18 mars 2015
Le Pitch :
Cinq amis partent en virée dans la cambrousse. Une fois sur place, dans une cabane perdue au fond des bois, près d’un charmant lac, les jeunes s’amusent, sans forcément prêter attention aux indices qui laissent à penser qu’ils ne sont pas seuls dans la forêt. Tout près, Big Foot et ses amis voient d’un très mauvais œil cette intrusion et comptent bien faire le nécessaire pour retrouver la jouissance absolue et exclusive des lieux…
La Critique :
Cela devait fatalement arriver : le cinéma d’horreur s’intéresse à ce bon vieux Big Foot ! Une créature quelque peu délaissée qui revient aujourd’hui au premier plan, car au fond, après les vampires, les morts-vivants et les monstres en tous genres, il devenait nécessaire de trouver autre chose pour se démarquer. Exception faite de la série Harry et les Henderson et de navets assez affligeants dans le style du récent Bigfoot (dans lequel Alice Cooper fait une apparition), celui que l’on appelle aussi le Sasquatch n’avait jusqu’alors pas vraiment intéressé les cinéastes.
Du coup, en 2015, ce n’est pas un mais deux longs-métrages centrés sur la créature des bois, qui sortent directement en vidéo. Exists donc, mais aussi Willow Creek, de Bobcat Goldthwait, pour l’instant toujours inédit chez nous.
Exists qui marque le retour d’Eduardo Sanchez, à savoir l’un des deux responsables du Projet Blair Witch, le film d’épouvante en found footage à la base d’une multitude de fuites urinaires dans les salles de cinéma, au moment de sortie en 1999. Un retour relatif puisque Sachez n’était pas vraiment parti. Il réalisait juste de petits films d’horreur dans son coin, sans que son boulot ne parvienne au même niveau de popularité que son premier coup d’essai en duo avec Daniel Myrick. Des trucs comme Altered, Lovely Molly, ou l’un des segments de l’anthologie V/H/S 2… Bref, avec Exists, si il ne bénéficie toujours pas d’une distribution dans les salles obscures, Sanchez retrouve un certain éclairage assez favorable.
Avec ses jeunes américains un peu bas du front, qui ne pensent qu’au sexe et à la picole, sa réalisation qui embrasse les codes du found footage (encore) et sa petite baraque au fond des bois, Exists trahit une volonté de ne pas prendre trop de risques. Regarder Exists c’est se couler dans un moule confortable, hyper codifié et en cela hyper prévisible.
Cela dit, le seul fait que la menace vienne d’une troupe de Sasquatchs, fait souffler une petite brise bienvenue sur le style. Comme souvent dans ce genre de productions, les créatures apparaissent souvent hors champs ou ne sont visibles que lors de plans fugaces parfois frustrants mais inhérents aux choix de mise en scène du réalisateur, qui privilégie le rythme, pour le coup basé sur une montée en puissance efficace, à défaut d’être surprenante.
En soi, Edouardo Sanchez change de créature mais ne bouleverse pas non plus son cinéma. Il fait preuve d’une constance trahissant une relative tendance à opter pour la sécurité, mais livre un spectacle haletant et parfois assez violent.
Très plan-plan, contrairement au film de Sasquatch de Bobcat Goldthwait, dont nous reparlerons au moment de sa sortie, Exists est un film d’horreur ultra conventionnel. Au fond, ce n’est pas un défaut mais l’absence d’une trop grande audace lui interdit de s’élever vers des sommets.
Celui qui à une époque bouleversa le cinéma de genre en faisant preuve d’une réelle habilité pour instaurer une peur insidieuse et prégnante, est aujourd’hui un réalisateur pépère. Un faiseur d’images qui nous présente une survival sauvage quelque part entre Evil Dead et Le Projet Blair Witch, mais avec des Big Foot. Aucune raison de s’en priver.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Wild Side