Exploiter le big data pour comprendre et connaître les causes du changement climatique. Le projet DADA du CNRS promet beaucoup, et pas seulement pour la recherche.
Le nom est le même mais DADA est loin d’être un mouvement littéraire. Son acronyme donne une idée assez précise de l’initiative lancée par le Centre national pour la recherche scientifique (CNRS). En fait le projet associe deux axes d’étude sur le climat. Les deux premières lettres d’abord donne un aperçu des objectifs : D pour détection et A pour attribution. Le but est de déterminer d’éventuels liens entre l’activité humaine (émission de gaz à effet de serre par exemple) et les changements du climat : « développer des algorithmes capables de diagnostiquer en temps réel l’existence ou l’absence d’un lien de causalité entre un évènement météorologique donné et les activités humaines. » explique un des pilotes du projet, Alexis Hannart.
La seconde partie de l’acronyme délimite quant à elle le moyen utilisé : data analysis soit l’utilisation d’algorithmes pour traiter une partie du big data, la masse de données créée par les outils numériques en météorologie. Projet coup de cœur des derniers trophées du big data, il pourrait prendre plusieurs formes selon Alexis Hannart. Soit « une implémentation directement au sein d’un service de prévision météorologique comme Météo France » soit une plateforme dédiée. On pourrait donc connaître en temps réel les causes humaines de tel ouragan observé par les services de météorologie.
Les organisateurs du salon désignent leur "projet coup de Coeur" : Le projet DADA du CNRS @CNRS #alexishannart
— BIG DATA PARIS 2015 (@bigdataparis) 11 Mars 2015
Le projet DADA récompensé au salon du big data 2015
Le projet n’est pas le seul à vouloir exploiter la masse de données sur le réchauffement climatique. En revanche, il se distingue par sa finalité purement scientifique. « C’est un projet de recherche scientifique » insiste Alexis Hannart. L’idée étant de mieux comprendre les raisons du bouleversement climatique sans qu’il y ait nécessairement d’actions derrière. On n’est pas dans le big data prédictif qui a pu conduire d’autres projets.
Car quand on jette un œil aux autres projets associant big data et climat, l’action et la prévention priment. On pourrait citer en vrac Surging Seas qui vise à alerter sur la montée des eaux, SmartSpaces qui veut engager à réduire la consommation d’énergie des bâtiments publics, ou encore le Global Forest Watch tentant d’anticiper les incendies et de limiter la déforestation. Dans ces trois cas, le big data sert à engager une action des autorités ou des citoyens, à faire réagir les consciences directement.
Si le projet DADA ne se situe a priori pas sur ce créneaux, il n’est pas pour autant déconnecté de la société. L’idée sous-jacente d’éveiller quelques consciences n’est pas écartée avec une meilleure communication « en offrant la possibilité d’une articulation claire, intelligible et rigoureuse entre le changement climatique – phénomène très lent, d’une très grande ampleur, et donc difficilement perceptible à l’échelle humaine – et la réalité météorologique perçue et vécue par les gens » selon Alexis Hannart. Le projet permettrait ainsi de combattre les scepticismes du lien entre activité humaine et bouleversement du climat.