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Un été avec Kim Novak, de Hakan Nesser

Publié le 23 mars 2015 par Clarabel

Un Été Avec Kim Novak

« L'été sera rude, a dit mon père. Autant nous préparer à ça. »

Trente ans ont passé depuis l'été de ses 14 ans, époque où Erik a passé des vacances mémorables avec son copain Edmund à Tibériade, le cabanon familial situé en bord de lac. À eux l'insouciance et l'ivresse de la liberté. Avec son frère Henry pour seul chaperon, les garçons font preuve de désinvolture et de bravade (fumer en cachette, contourner les entrées payantes, se livrer à des séances de voyeurisme, fantasmer sur la belle Eva...). Cet été-là sera pourtant marqué d'un drame qui va chambouler à jamais leur existence.

Henry, son frère aîné, vient de rompre avec sa fiancée et s'est lancé dans l'écriture d'un roman. Chaque soir, il aime sortir dans des lieux branchés, draguer la minette et la ramener au cabanon pour quelques acrobaties coquines. Les garçons ont le choc de leur vie quand ils découvrent, parmi ses conquêtes, le sosie de Kim Novak - la sublime Eva Kaludis - qu'ils avaient également croisée au collège lors d'un remplacement.
Celle-ci a pourtant déjà un petit copain, une star de handball, au tempérament jaloux et agressif. Et quand son corps est retrouvé assassiné, pas loin du lieu de leur villégiature, la police se pointe au cabanon et passe au crible l'alibi des garçons. Fin de l'été, retour à la réalité. Longtemps après, Erik continuera d'être hanté par les événements survenus au cours de cet été et de s'interroger sur les raisons du crime et l'identité du coupable. 

Cette lecture, d'une intensité ciselée et prenante, est stupéfiante ! De suite, elle nous hypnotise par son charme vénéneux et son atmosphère languide, au rythme d'un été fantasque et torride. J'ai été scotchée, complètement séduite par cette écriture simple, mais pénétrante. On suit sans complexe deux garçons en plein apprentissage d'indépendance, de sexualité et de responsabilité morale, non sans maladresse et avec toute l'intrépidité de leur âge. 

On partage aussi les bribes d'une histoire empreinte de non-dits et de culpabilité étouffée, une histoire tantôt drôle ou malicieuse, mais définitivement bouleversante. La lecture est dépaysante à souhait, direct au cœur de la Suède des années 60, le temps d'un été chaud et indolent. On s'évade instantanément, avant de retoucher terre avec une pointe de regret et de nostalgie.

Alain Lawrence, le lecteur pour Sixtrid, nous plonge avec subtilité dans les méandres d'un été de toutes les découvertes, entre exaltation et perplexité, et un sens du tempo tout à fait remarquable. J'ai beaucoup aimé.

Sixtrid, janvier 2015 ♦ Interprété par Alain Lawrence (durée : 6h 22) ♦ Traduit par Agneta Ségol pour les éditions du Seuil (Kim Novak badade aldrig i Genesarets sjö)


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