Le pape Alexandre III arrive le 23 mars 1177 à San Nicolò du Lido, pour négocier une paix entre Venise et l’empereur Frédéric Barberousse.
Le jour suivant, le doge Sebastiano Ziani, le Patriarche Enrico Dandolo et les plus hautes autorités ainsi que l’ensemble de la noblesse l’accompagnent dans la basilique San Marco. La foule est si grande qu’elle occupe non seulement le moindre recoin de l’église, mais également le « brolio« l’espace de terre qui a du Palazzo Ducale à l’église de l’Ascensione.
Le pape, qui ne repartira de Venise qu’en octobre suivant, logera dans la bâtiment du Patriarche de Grado, à San Silvestro.
Le traité de Venise (ou Paix de Venise) est conclu après la bataille de Legnano du 29 mai 1176, une défaite pour Frédéric Barberousse. Barberousse envoie rapidement ses négociateurs au pape Alexandre III à Anagni, en demandant que soit mis fin au schisme entre lui et l’antipape, Calixte III. Après l’accord préliminaire, une conférence était prévue pour juillet 1177. Barberousse essaie d’influencer les rivalités internes de la politique vénitienne dans l’espoir d’obtenir un pouvoir lui étant favorable au moment de la confrontation.
Le 24 juillet, le pape, depuis la basilique Saint-Marc, envoie une délégation de cardinaux de l’empereur qui se trouve dans le Lido, à l’embouchure de la lagune vénitienne. L’empereur reconnaît officiellement Alexandre comme pape et renonce au soutien de son antipape. Les cardinaux lèvent l’excommunication dont il était frappé. Sebastian Ziani, le doge de Venise, et Ulrich von Treven II, le patriarche d’Aquilée, escortent l’empereur jusqu’à Venise. Les délégués du roi de Sicile sont Romuald, l’archevêque de Salerne, un chroniqueur qui nous a laissé un témoignage de tout l’épisode, et le comte Roger d’Andria.
Dans le traité qui a été conclu, l’empereur reconnaît le droit des papes sur la ville de Rome, en dépit que la ville ne se rende pas au pape et qu’elle l’a forcé à la quitter en 1179. Quinze ans de paix sont conclus entre Barberousse et Guillaume II de Sicile, ouvrant la voie à la Sicile de l’âge d’or de la paix et la prospérité. De même une période de six ans de trêve est conclue avec la Ligue lombarde et les négociations devaient se poursuivre. L’empereur reconnaît finalement l’autonomie des villes lombardes, qui restent cependant dans la mouvance impériale, lors de la paix de Constance en 1183.
Paix de Venise (1177) : Alexandre III, l’empereur Barberousse et le Doge se rencontrent à Ancône – Girolamo Gamberato, Palazzo Ducale à Venise, Grande Salle du Conseil