Puisqu’on a toujours les oreilles qui trainent aux bons endroits, on vous emmène aujourd’hui à la rencontre de Patrick Watson, musicien canadien surdoué dont on a vraiment adoré le dernier album « Love song for robots ». Il nous raconte ici comment il a conçu son travail et quelles sont les sources de son inspiration. Et on y parle évidement un peu robot.
Bonjour Patrick Watson ! Quel était ton but sur cet album et où as-tu trouvé ton inspiration ? Pour cet album, on avait envie de faire quelque chose de physique, qui se passe plus dans le ventre, tandis qu’avant les choses se passaient plus dans la partie haute du corps, avec une musique plus folk. Pour ce qui est de l’inspiration du disque, ces dernières années j’ai surtout lu des magazines scientifiques. C’était le seul domaine où je pouvais trouver une sorte de spiritualité. Le monde est assez froid parfois, et quand j’entends des idées sur le concept de temps, je trouve cela très touchant et ça m’inspire profondément.
Quel aspect de la science te plait le plus ? Eh bien surtout la mécanique quantique ; quand on m’en parle je trouve ça magique. Le sentiment que l’on a quand on pense au temps qui passe me rend complètement fou, et c’est sur ça que j’ai basé l’album. C’est une chose tellement simple, qui ne concerne pas les paroles que j’ai écrites pour les chansons mais plutôt les arrangements musicaux. En revanche, d’autres chansons de l’album concernent des sujets plus « communs ».
Métaphysique et vie quotidienne donc ? Oui, j’imagine. Mais pour autant, je suis loin d’être un scientifique ou d’avoir une légitimité pour en parler, je ne me prends absolument pas au sérieux ! Je suis juste un joueur de piano qui a un énorme respect pour tous les gens qui travaillent dans ce domaine.
Comment se déroule ton processus de création ? Avant de retrouver le groupe et que l’on travaille tous ensemble, je fais plein de trucs assez bizarres de mon côté, comme du hip hop, juste pour m’amuser. J’ai même fait une chanson de rap comme ça !
On veut entendre ça ! Non non, vous ne voulez pas ! Mais une fois que j’ai laissé reposer tout ça, je commence à écrire naturellement, je me mets au piano et c’est comme si la musique un peu drôle que j’avais faite avant m’avait servi. Et puis, il y a les chansons qui restent assez proches de l’ancien album, comme Hearts ou Good Morning Mr Wolf qui sont plus naturelles. Donc c’est un mélange.
© Patrick Watson – 2012.
Comment les choses se sont-elles passées avec le groupe ensuite ? Nous avons tous travaillé dur sur cet album, tout est fait de voix, d’instruments, presque pas d’overdubs. Ce que tu entends dans l’album, c’est 4 ou 5 gars assis dans le studio, jouant. Même s’il y a beaucoup d’électronique, on a joué très librement, on appuyait sur records et c’était tout, surtout pour le morceau Bollywood.
Question robot maintenant : si tu devais choisir un robot parmi Wall-E, Robocop, Terminator ou R2D2 ? Je dirais Nexus 6 dans Blade Runner et Wall-E. Car c’est là qu’on oublie l’idée même du robot : quand tu regardes Wall-E, tu oublies qu’il est un robot-éboueur, ce qui en dit beaucoup. Et chez Nexus 6, tu ne vois jamais la technique, les câbles etc. tu ne penses pas que cette technologie a été créée par les humains. Tu te sens tellement triste pour lui à la fin du film ! Même chose pour Wall-E : même si Eve ressemble à un Macintosh, elle est quand même un peu sexy, non ? Ils sont dotés de sentiments. On ne veut pas dire que les émotions sont quelque chose de mécanique ; seulement pour moi, ce sont moins les émotions que l’inspiration qui font la particularité de l’être humain.
Qu’est ce qui te plait le plus dans la tournée ? Partager des moments avec les gens. Jouer de gros concert c’est bien aussi, mais avoir des moments spéciaux que les gens n’oublieront jamais, c’est ce qui importe le plus. On crée des liens assez forts dans la tournée. Mais je déteste prendre l’avion et c’est difficile d’être séparé de mes enfants.
Quelle serait ta collaboration idéale ? Paul Simon ! J’adorerais chanter avec lui. Ou sinon, j’aimerais me tenir à côté de Freddy Mercury, un de mes humains préférés. Quand je regarde une vidéo de lui sur Youtube, je suis toujours à deux doigts de pleurer. FKA Twigs aussi ; j’aimerais bien faire un duo avec elle, j’aime la manière dont elle chante. Je pense aussi à des réalisateurs avec qui je souhaiterais vraiment faire quelque chose, Wes Anderson ou Paul Thomas Anderson… Tous les Anderson en fait !
Justement, tu collabores avec des réalisateurs plutôt intéressants, comme Wim Wenders (pour le film Everything will be fine). Comment tu sens vis-à-vis de ça ? Comme un enfant vraiment gâté ! En plus d’être un homme au grand talent, c’est une personne adorable, calme, assez silencieuse. C’est vraiment un excellent souvenir que cette collaboration, j’ai tellement de respect pour lui.
Comment conseilles-tu d’écouter ton album pour une première fois ? De tous les albums que j’ai fait, c’est le plus difficile à écouter d’une traite. J’aurais aimé pouvoir faire un disque avec une face A et B, mais avec l’ère digitale c’était un peu compliqué. Par exemple, la chanson Grace aurait été le milieu, là où on aurait pu changer de face, c’est comme une respiration. Je pense que c’est peut-être mieux d’écouter une chanson pour elle-même et ainsi mieux l’apprécier plutôt que tout écouter d’un coup.
Merci Patrick Watson !
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Patrick Watson – Love songs for robots
Sortie le 12 mai 2015.
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