J'avais une certaine hâte de découvrir ce "Still Alice". Au-delà du simple fait que Julianne Moore peut me faire déplacer en salles, le sujet principal du film m'intéresse énormément. Du coup, c'est plutôt confiant et avec pleins de bonnes volontés que j'ai fait le déplacement vers ma salle de cinéma pour le découvrir.
Je ne le regrette pas car globalement, j'ai plutôt bien aimé ce film. Le scénario écrit par Richard Glatzer et Wash Westmoreland d'après l’œuvre de Lisa Genova n'est pas exempt de défauts mais il a su me toucher et me sensibiliser encore un peu plus sur l’Alzheimer. Dans ses principaux défauts, je retiens surtout des longueurs certaines ainsi que des éléments qui n’apportent pas foncièrement grand-chose à l'intrigue comme la passion pour le théâtre de la fille cadette. Cependant, j'ai quand même été ému et passionné par ce film.
J'ai été captivé de bout en bout et si je regrette que l'ensemble ne soit pas un peu plus dynamique dans son traitement, je ne regrette en tout cas pas une seule seconde de l'avoir découvert. J'ai beaucoup aimé voir (même si c'est montré de façon simpliste parfois) l'évolution de cette maladie et les désastres qu'elle peut provoquer chez le patient ainsi que chez ses proches. Par moment, les ellipses sont un peu brutales et un peu longue mais elles retranscrivent assez bien le sort d'Alice. Je n'ai pas appris de grandes choses sur cette maladie mais le temps d'un film, j'ai eu la sensation de vivre cette expérience aux côtés de Julianne Moore, suffisamment pour que le long métrage me touche.
Il faut dire aussi que Julianne Moore dans la peau d'Alice est juste bluffant. Je ne sais pas si elle méritait vraiment l'Oscar en 2015 (Rosamund Pike livrait elle aussi une performance incroyable) mais en tout cas elle mérite amplement les éloges qu'on a pu faire à son sujet. J'ai trouvé que l'actrice réussissait parfaitement à montrer cette évolution dans son personnage. Elle porte grandement le film sur ses épaules et le miroir que l'on peut voir lorsqu'elle se regarde en vidéo vers la fin a accentué un peu plus cet effet chez moi même si je sais que le maquillage a dû bien aidé également.
La comédienne est aussi bien entourée par un casting qui fait le job en laissant toujours notre héroïne en avant. C'est ainsi le cas d'Alec Baldwin en John que je trouve une nouvelle fois très bon. Son couple avec Julianne Moore fonctionne, j'ai aimé les failles que son rôle pouvait avoir et l'acteur m'a bien convaincu. J'ai bien aimé aussi Kristen Stewart en Lydia. Sa carrière mise en avant est peu intéressante à mes yeux mais sa "mise à l'écart" dans cette famille avec son statut un peu à part apporte quand même de bonnes choses tandis que l'actrice confirme qu'elle est belle et bien une actrice que l'on peut suivre.
Dans le reste de la distribution, Hunter Parrish en Tom ainsi que Shane McRae en Charlie Howland-Jones m'ont semblé totalement lisse et inexistant. C'est bien simple, les acteurs ne sont pas mauvais mais leurs rôles n'auraient pas été présents dans ce film que cela ne m'aurait pas choqué plus que cela. Quant à Kate Bosworth en Anna, cette dernière incarne bien la sœur ainée tête à claque au point que son personnage m'a suffisamment agacé pour que ses simples apparitions me gavent.
Côté mise en scène, le tandem Richard Glatzer (malade et décédé il y a seulement 12 jours au moment où j'écris ses lignes) - Wash Westmoreland fait quand même le minimum syndical. Les deux réalisateurs étaient en couple dans la ville et cela se ressent un peu dans ce film dans le sens où il semble avoir été mis en scène par une seule et même personne. J'ai jamais eu l'impression qu'une identité prenait le dessus sur l'autre ni même que le film partait dans deux directions différentes ce qui est une bonne chose.
C'est bien je ne dis pas le contraire mais c'est quand même très académique. Il n'y a rien de bien nouveau. C'est très linéaire, très sobre (en même temps le sujet n'a pas besoins d'artifices) et malheureusement, c'est aussi parfois un peu mou du genou. Oui, j'ai été ému mais un peu plus de peps n'aurait pas fait de mal à ce film qui devient très lent avec son montage simpliste qui n'hésite pas à faire des sauts dans le temps quand ça l'arrange.
La photographie est sinon assez belle. Je l'ai préféré à l'exploitation des décors que je trouve assez vide (la ville n'est pas exploité, la maison semble dépourvu d'âme, le centre de malade est très classique...). Quant à la fin, sans vouloir la raconter, je l'ai bien aimé. C'est étrange car en temps normal je ne suis pas un grand fan de fin brutal de la sorte mais celle-ci colle plutôt bien avec son scénario. La musique composée par Ilan Eshkeri est sinon très ennuyeuse elle aussi. Pas mauvaise, mais ça manque clairement de folie artistique tout ça même si c'est délicat avec ce sujet.
Pour résumer, "Still Alice" n'est pas la claque que j'avais espéré. Julianne Moore tient de son côté toute ses promesses mais à cause d'un scénario un peu prévisible avec un sujet si délicat ainsi qu'une mise en scène des plus académique, le long métrage n'a jamais réussi à me bouleversé. Il m'a ému car pour des raisons que je ne veux pas évoquer, le sujet me parle, mais je n'ai pas eu le gros bouleversement que j'aurais aimé avoir. Malgré tout, cela reste un bon film. Je ne regrette pas de l'avoir vu et bien que je ne sache pas encore si je souhaiterais le revoir, j'ai trouvé qu'il n'était pas inintéressant et c'est déjà ça de pris de mon côté.