Derrière l’Empire Oracle se cache une autre histoire de self-made-man qui, si elle est moins connue que celles de Steve Jobs et de Bill Gates, n’est pas moins impressionnante.
Jusqu’en septembre 2014, Larry Ellison était aux commandes du géant informatique. Son règne de 37 ans est sans aucun doute l’un des plus longs que Silicon Valley ait connu. Ellison était considéré comme le dernier entrepreneur de la génération de Jobs à toujours diriger sa compagnie. Si le fondateur d’Oracle cède on pouvoir, il ne quitte toutefois pas l’entreprise. Laissant la direction entre les mains de Safra Catz et de Mark Hurd, deux partenaires de longue date, Ellison demeure responsable du développement de produits et assume la présidence du conseil d’administration.
Si à 70 ans Ellison souhaite continuer à travailler à temps plein pour Oracle, c’est qu’il a dédié son existence à la compagnie. Né en 1944 dans le Bronx et élevé par sa grand-tante et son grand-oncle à Chicago, Ellison est dès son jeune âge très prometteur. Malgré son talent, il abandonne ses études universitaires à l’occasion du décès de sa mère adoptive. Alors qu’il entreprend de nouvelles études, il abandonne une seconde fois, cette fois-ci définitivement. Avec le peu d’argent qu’il a en poche et ses connaissances de base en programmation, Ellison quitte Chicago pour Berkley où il occupe, durant huit ans, plusieurs emplois en informatique.
Au terme de ces huit années, Ellison occupe l’emploi qui déclenchera en lui l’envie de fonder sa propre entr
eprise : il participe à la construction du premier ordinateur central d’IBM, l’ancêtre du processeur. Suite à ce projet, Ellison lit une étude écrite par un employé d’IBM sur le développement d’un système de base de données. Là où ses prédécesseurs ne voient pas l’occasion de faire profit, Ellison saisit sa chance et fonde, avec deux collègues, Software Development Labs. Le jeune groupe développe son premier système de base de données pour la CIA à l’occasion du projet Oracle. En plus de mener le projet à bien, Ellison et son équipe développent parallèlement une version commerciale d’Oracle qui deviendra le produit vedette de la compagnie.
Dès 1880, Oracle compte huit employés et génère un chiffre d’affaires annuel de 1 million de dollars. L’année suivante, IMB choisit d’intégrer leur système dans l’ordinateur central auquel Ellison a travaillé. À partir de ce moment, le chiffre d’affaires d’Oracle double chaque année durant sept ans. En 1986, Oracle fait une entrée fulgurante en bourse. Entrainée par son zèle, l’équipe connait sa première débâcle en 1990, Oracle enregistre des pertes et ses actions chutent de 80%. On croit alors à la faillite du groupe, mais Ellison, reconnaissant l’insuffisante expérience de son équipe de gestion, engage des professionnels et arrive ainsi à se concentrer sur le développement de nouvelles technologies. Deux ans plus tard, Oracle lance une nouvelle version de son système et passe en tête de l’industrie. Au cours de la même décennie, plusieurs grandes compagnies intègrent le système d’Oracle, des banques et des compagnies aériennes entre autres.
En 2004, malgré la précarité du marché financier, Ellison entreprend une expansion massive de sa compagnie. Sur une période de trois ans, il achète plusieurs fabricants et développeurs de logiciels pour une somme totale de 25 milliards. Suite à ces fusions, Oracle devient le plus gros développeur de systèmes pour entreprises au monde. Sous Ellison, le groupe enregistre un chiffre d’affaires annuel de 38 milliards et pèse plus de 185 milliards à la bourse. Larry Ellison, à lui seul, vaut 53.5 milliards selon l’évaluation faite par Forbes pour 2015, fortune qui le place au cinquième rang des hommes les plus riches au monde. Dans les dernières années, Oracle connait toutefois une baisse de revenus. Avec l’avancement du Cloud Computing et la dématérialisation de l’informatique, le groupe perd des ventes au profit de jeunes compétiteurs comme Amazon qui capitalisent sur cette nouvelle technologie.Ellison espère que sous la direction de Catz et Hurd, Oracle pourra rattraper son retard et sécuriser ainsi son titre de leader mondial.