C’est le titre d’un livre émouvant, autobiographie et témoignage à la fois sur ce que fut l’école primaire dans les années 50 et 60 : l’auteur, Christian Becquet, fils d’instituteurs, rend hommage à ses parents et restitue le climat d’une époque, ses joies et ses peines. Le récit s’ouvre sur l’évocation de la séance de calcul mental, épreuve – réjouissante pour l’auteur, qui la vit comme un défi – craie à la main : « Et le maître ordonne : « Levez vos ardoises ! » »
Nous sommes au pays de Bray, en Normandie et le maître, c’est le père, qui prend la succession de la mère, Thérèse, au cours de ces années de petite et de grande école, comme on disait alors. Secrétaire de mairie, l’instituteur a encore la stature d’un notable dans le petit village où il se dépense sans compter. Justesse dans ce tableau d’une époque, humour dans le style et amour d’ « un coeur sans amertume »: on pourrait définir ainsi la tonalité du livre. Un peu comme une pelote de laine, Christian Becquet dévide ses souvenirs, qu’il ordonne en courts chapitres : « La vie du village », « L’école de Thérèse », « Discipline, discipline », « La fête, le voyage scolaire,, les filles », pour n’en citer que quelques-uns…
Mais l’autobiographie s’insère dans une réflexion sociologique, parfois empreinte de nostalgie, même si l’élan de vie insufflé par ses parents permet d’appréhender, bien formé et sans trop de crainte, les inévitables changements : ainsi, après « Les années 50 » et « Les années 60 », nous aborderons « Après 68, un autre monde ». La mission de l’école est clairement rappelée : « La morale et l’instruction civique étaient une discipline commune avec laquelle on ne rigolait pas. Il nous était demandé une attention soutenue et une participation active, avec la recherche d’exemples multiples. La mission était de préparer l’élève à devenir un bon citoyen, responsable de ses actes, de lui expliquer les subtilités du fonctionnement de notre République et des institutions, en insistant sur le droit de vote et ses conséquences. »
C’est aussi, dans cet univers très ritualisé (les fêtes, le Tour de France, la pêche), un hommage au monde paysan et à la trinité du village : le maire, le curé et bien sûr, l’instituteur ! Christian Becquet dialogue avec son lecteur, entremêle passé et présent, éclaire sa vocation (le précédent titre était L’enfant qui dessinait des baobabs) ; somme toute, pour reprendre un joli verbe disparu de la langue française, il « conille », coniller s’appliquant au XVIème encore au saut charmant et zigzaguant des petits lapins.
Être fils d’instituteurs, « c’est pas si facile », et pourtant, à travers ce pudique auto-portrait se dessine un hommage authentique et fort de l’auteur à ses parents et à une école qui éduquait et instruisait tout à la fois.
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