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Ce que j'ai aimé :
Que laisse-t-on à notre famille ? Aux générations futures ? Quel souvenir de nous aura notre arrière-petite-fille ? Le narrateur Kolia décide d'écrire à cette arrière-petite-fille qu'il prénomme Anna pour ne pas rompre le fil, pour exister encore, au-delà du temps et des années. Vient alors l'heure de faire du tri dans les souvenirs, de choisir ceux qui méritent d'émerger des affres du temps, et ceux qu'il vaut mieux laisser périr. Mais choisit-on réellement ? Pourquoi gardons-nous de notre enfance tel souvenir plutôt que tel autre ? La mémoire demeure un mystère insondable...
"Pourquoi un souvenir qui n'avait aucune aspérité, un moment minuscule qui aurait dû rejoindre l'immense cimetière des minutes oubliées, s'impose à nous ? Il doit y avoir une sorte de magie neuronale qui fait que cetains instants restent cramponnée là, sous le front, comme des grenouilles sur d'autres grenouilles, à la saison des amours." p. 120
Quelques scènes sonnent très juste, comme cette amitié magnifique avec un mort au cimetière du Père Lachaise. Malheureusement, d'autres pages tombent à plat...
Ce que j'ai moins aimé :
Les scènes choisies ne sont pas toujours réussies, comme la terreur du lycée, le professeur de physique, la mort de son chien, qui frôlent la banalité.
L'absence d'ordre chronologique est assez déroutante.
Le style, dés les premières lignes, m'a déplu : des phrases simples qui se veulent peut-être un effet de style mais peuvent aussi passer pour une absence d'inspiration. Au détour de quelques phrases la poésie pointe son nez mais elle s'évanouit ensuite rapidement pour faire retomber le texte dans la platitude d'un matin de pluie.
N'est pas Proust qui veut... Le thème du souvenir cher à Proust est ici traité avec modernité certes, mais tombe aussi souvent à coté...
Présentation de l'éditeur :
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D'autres avis :
Séverine ; Jostein ; Alfie's mec ; Caroline ; Keisha ; Clara ; Laure ; Valérie
A noter que les avis sont tous positifs (à part Antigone), je dois être la seule à être restée sur le bord de la route et à ne pas avoir entendu la "petite musique" de l'auteur. Il faut dire que je n'ai jamais été mélomane...
Clin d'oeil :
"Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir."
Un parfum d'herbe coupée, Nicolas Delesalle, Préludes, 13.60 euros