Socialistes, le vote FN n’est pas une fatalité

Publié le 06 décembre 2014 par Michael Vincent @0vinz

Par Maud Pidou et Michael Vincent.

Dans son livre « La France Périphérique », Christophe Guilluy explique que les territoires périphériques sont ceux où «la contestation de l’Etat­-providence est la plus forte et où le sentiment d’abandon par rapport aux banlieues le plus aigu». Selon lui, cette partie de la France n’a plus l’impression de faire partie du projet de société des « élites ».

 A l’écart des métropoles attractives, la France périphérique représente deux tiers de la population et 80% des catégories populaires: ouvriers, employés etc. Il s’agit du bassin électoral du FN. Dans ces milieux populaires, on ne fait plus de distinction entre la gauche et la droite.

 Trois Français sur quatre estiment qu’il y a trop d’immigrés – sensiblement autant que dans les autres pays d’Europe. Socialistes, nous ne pouvons partager cet avis. Mais puisque nous sommes démocrates, il faut chercher à comprendre les raisons de ce ressenti ; l’inverse achèverait de nous déconnecter des classes populaires. Nous ne pouvons plus fuir et se considérer comme moralement supérieurs. Continuer à penser que c’est par ignorance que les populations votent pour le FN est une insulte à un électorat qui ne se sent déjà pas écouté et représenté.

 Il faut reprendre la main sur le débat. Le discours identitaire du Front National est insupportable mais ce parti ne peut plus se réduire à cela. Marine Le Pen surfe sur l’effondrement des classes moyennes et le sentiment de déclassement des classes populaires.

L’intégration des populations de la France périphérique au débat démocratique est un des enjeux majeurs des prochaines élections. Refuser le débat, c’est tourner le dos à ces citoyens.

Démonter point par point les propositions du FN dans un guide, ce n’est pas là où les électeurs nous attendent. Ils attendent des propositions en lien avec leur réalité : arrêtons de leur dire de ne pas voter pour le FN, expliquons leur pourquoi voter pour la gauche. Nous ne pouvons laisser l’extrême droite s’emparer des thèmes que nous décrétons de facto infréquentables. Qu’on le veuille ou non, ils préoccupent une grande partie de l’électorat.

Déjouons ce piège pour combattre efficacement un parti qui a récupéré un électorat que nous lui avons laissé les 30 dernières années. S’entêter reviendrait à confirmer un PS dont l’électorat ne se compose plus que des cadres des métropoles et non des classes moyennes et ouvrières qu’il pense pourtant représenter. Vues de la périphérie, les élites sont invisibles. La politique n’existe plus. 

Contribution egalement proposée aux Etats generaux du Parti Socialiste – Thème “Nation et intégration”