Oublions un instant les considérations partisanes: Objectivement, le Front National nous livre une bien mauvaise campagne. La liste est longue – Candidats non consentant ou poissé dans une affaire de pédopornographie, argumentaire bancal se contentant de relayer la communication de Marine le Pen, promesses et propositions ne relevant pas du mandat qu’ils ambitionnent, magouilles dans les mairies fraîchement acquises, enfantillages au parlement européen, fraudes financières lors des campagnes précédentes et détournement de l’activité des assistants parlementaires européens … Tout ça sans même évoquer les éternels dérapages racistes et homophobes qu’on prendrait presque pour acquis tellement on a l’habitude. Le parti traîne une véritable batterie de cuisine derrière lui. Et pourtant, le FN caracole à 30% des intentions de vote, amplifiant même le score des européennes. Une casserole de plus ou de moins ne changerait pas grand-chose. A ce stade, Louis Aliot pourrait proposer la suppression de la liberté de la presse, Ménard se promener à poil dans les rues de Béziers, ou Philippot arriver complètement bourré sur le plateau du Grand Journal que le parti gagnerait encore 2 points dans les sondages. Désespérant.
Non ce n’est pas la carte des Burger King mais celle des dérapages du FN.
On a tout essayé ?
Dans la campagne flamande d’où je viens, des élus de terrain me disent – un peu désabusés – que ce vote n’a pas toujours quelque chose de rationnel. Que le climat se dégrade. Le nouvel idéal, c’est le pavillon entouré d’une clôture de 2 mètres de haut, là où les agences immobilières affichaient des photos de maison avec un grand jardin ouvert il y a 10 ans. Des enfants qui crient et perdent leur ballon dans le jardin d’un voisin, c’est une voix en plus pour Marine.
Mais qu’est ce qui motive cet élan ? Que le FN suscite un vote d’adhésion pour une frange de son électorat est indiscutable, mais il me semble de plus en plus clair que ce vote se nourrit d’un rejet de la classe politique, des partis de pouvoir, de l’idée d’une certaine élite gouvernant le peuple. J’avais évoqué le sujet dans un précédent article mais c’est encore plus clair aujourd’hui – les fausses notes répétées du Front n’effritent en rien sa popularité. En ces termes, sa montée ne peut être corrélée à son action – elle se construit en réaction aux autres. Des électeurs qui pensent voir dans les candidats FN des gens plus proches d’eux, face a une élite cumularde et déconnectée du quotidien. Ce qui est bien sûr injuste.
J’en profite pour saluer, féliciter et soutenir tous les camarades sur le terrain, qui font un travail salutaire mais difficile. Bon courage d’ici dimanche – en espérant que vous ayez compris comment lutter. Pour ma part je suis dépassé. “Longtemps j’ai pris ma plume pour une épée: à présent je connais notre impuissance”.